Pologne: L’ancien aumônier de Solidarité démis de ses fonctions de curé

Le Père Henryk Jankowski, curé de Ste-Brigitte à Gdansk, accepte de se retirer. "Je demande à tous ceux qui ont, avec moi, servi l’Eglise et la Pologne, de respecter la décision de Mgr Tadeusz Goclowski car elle a été prise pour le bien de l’Eglise de Gdansk", écrit le prêtre dans une courte missive adressée à ses paroissiens.

 Cette ancienne gloire du clergé polonais, qui bénéficiait du soutien de son ami, l’ex-président Walesa – il avait été son confesseur à l’époque où il était l’aumônier du syndicat Solidarité – a été démis de ses fonctions à compter du 17 novembre par l’archevêque de la ville portuaire, Mgr Tadeusz Goclowski.

 Le mois dernier, il déclarait encore haut et fort qu’il ne se laisserait pas faire et ne serait éloigné de sa paroisse que par la force. Agé de 68 ans, l’ancien aumônier de Solidarité est accusé d’insubordination à l’égard de ses supérieurs. Son entrée dans le mouvement paysan populiste et radical Samoobrona (Autodéfense) lui avait fait perdre de nombreuses sympathies.

 Critiqué pour son goût du luxe ostentatoire et ses tirades antisémites réitérées, le prêtre avait été accusé de dépraver des jeunes fréquentant sa paroisse. Son évêque lui reproche d’avoir toléré dans sa cure "des comportements non appropriés" de la part de jeunes gens. Le Père Jankowski avait été acquitté en juillet dernier par le Parquet d’une accusation de pédophilie sur un servant de messe. Mais l’enquête avait montré que les activités de jeunesse de sa paroisse ne correspondaient pas aux hautes exigences de l’Eglise. Le curé avait accusé les milieux "judéo-communistes" d’avoir monté une cabale contre lui.

 Selon les médias polonais, Mgr Goclowski reprochait au Père Jankowski d’avoir confondu son église avec une tribune politique. Le prêtre rebelle avait annoncé vouloir faire appel de cette décision auprès du Saint-Siège. Le Père Jankowski continuera d’habiter la cure de Ste-Brigitte, mais il aura une entrée séparée pour son appartement.

 Les partisans du prêtre désavoué qualifient ce compromis de "succès". Ils ont décidé d’arrêter toutes les manifestations, a déclaré Wojciech Podjacki, l’organisateur des "veillées" devant l’église Ste-Brigitte, estimant que le but des manifestants avait été atteint puisque le Père Jankowski pouvait rester dans sa paroisse.