Portugal : Décès de Sœur Lucie
Sœur Lucie, dernier témoin des apparitions de la Vierge à Fatima, au Portugal, est décédée le 13 février, à l’âge de 97 ans, au carmel Ste-Thérèse de Coimbra. Elle était la dernière survivante des trois petits bergers qui ont vu les apparitions de la Vierge Marie.
Lucie Dos Santos est née le 28 mars 1907 au lieu-dit Aljustrel. A l’âge de dix ans, du 13 mai au 13 octobre 1917, accompagnée de ses cousins Jacinta et Francisco Marto, âgés respectivement de 7 et 9 ans, elle a assisté aux six apparitions de la Vierge.
Après ces apparitions et d’autres visions personnelles de la Vierge, en 1923 et 1929, Lucie est entrée à 18 ans chez les religieuses de Tuy, en Espagne. Elle a ensuite rejoint les carmélites, en 1948. Le 13 mai 2000, elle avait assisté à Fatima à la béatification par Jean-Paul II de Jacinta et Francisco, morts respectivement en 1919 et 1920.
Le premier pape à rencontrer la carmélite a été Paul VI, à Fatima le 13 mai 1967. Jean-Paul II l’a quant à lui rencontrée à trois reprises : une première fois, en 1982, en se rendant à Fatima pour remercier la Vierge de l’avoir sauvé de l’attentat du 13 mai 1981; une seconde fois, en 1991, place Saint-Pierre, pour le dixième anniversaire de cet attentat ; et en 2000, pour la béatification de Jacinta et Francisco lors de son deuxième voyage à Fatima.
Sœur Lucie a consigné les apparitions et les paroles de la Vierge de Fatima dans quatre mémoires successifs : en 1935 (sur la vie et les vertus de sa cousine Jacinthe), en 1937 (histoire de sa propre vie et des apparitions), en août 1941 (aspects particuliers de la vie de Jacinthe) et en décembre de la même année (des précisions sur les apparitions de 1917).
Dans ces textes, la religieuse fait état des trois secrets que la Vierge a confiés aux trois enfants au cours de ses six apparitions. Les deux premiers, révélés en 1917 et publiés en 1937, annonçaient la fin de la Première Guerre mondiale, en prédisaient une seconde, ainsi que l’avènement de la Russie communiste. Le troisième secret a été rédigé par soeur Lucie en janvier 1944 et remis à l’évêque de Leiria, afin qu’il le transmette à Rome. La religieuse avait stipulé qu’il ne pouvait être révélé qu’à partir de 1960, sur décision du pape.
Jean-Paul II se fit porter le document conservé dans les archives de la Congrégation pour la doctrine de la foi alors qu’il était hospitalisé à la polyclinique Gemelli à la suite de l’attentat du 13 mai 1981, - attentat qui faillit lui coûter la vie et dont il a toujours attribué la fin heureuse à la protection de la Vierge de Fatima. C’est à l’occasion de son voyage à Fatima, en 1982, pour remercier Marie qu’il a fait sertir dans la couronne de la statue du sanctuaire la balle qui l’avait touché.
Le texte de ce troisième secret parlait d’un "évêque vêtu de blanc" marchant péniblement vers la Croix parmi les cadavres de personnes martyrisées et tombant sous les balles de soldats. Après en avoir pris connaissance, Jean-Paul II se serait reconnu lui-même dans cette vision. Il décida de ne pas publier le document, sur les recommandations du cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
C’est le 23 mai 2000, après son deuxième voyage à Fatima, que le Souverain pontife jugea venu le temps de la publication du texte. Le secret fut lu en direct et en mondovision, le 26 juin de la même année, accompagné d’une longue note d’interprétation de la Congrégation pour la doctrine de la foi, - note qui n’a pu dissiper les doutes qui entourent aujourd’hui encore cette divulgation du troisième secret.
Dans une lettre adressée, ce 14 février 2005, à Mgr Albino Mamede Cleto, évêque de Coimbra, Jean-Paul II évoque ses différentes rencontres avec Soeur Lucie. "J’ai appris avec émotion que soeur Marie Lucie de Jésus et du Coeur Immaculé a été appelée par le Père céleste dans l’éternelle demeure du ciel, à l’âge de 97 ans", écrit-il. "Je me rappelle avec émotion les différentes rencontres que j’ai eues avec soeur Lucie et les liens d’amitié spirituelle qui se sont intensifiés avec le temps". "Je me suis toujours senti soutenu par le don quotidien de sa prière, spécialement dans les durs moments d’épreuve et de souffrance", poursuit le pape. "Que le Seigneur la récompense largement pour le grand service caché qu’elle a rendu à l’Eglise". "La visite de la Vierge, que la petite Lucie reçut à Fatima avec ses cousins Francisco et Jacinta en 1917, fut pour elle le début d’une mission singulière à laquelle elle est restée fidèle jusqu’à la fin de ses jours". Soeur Lucie "nous laisse un exemple de grande fidélité au Seigneur et d’adhésion joyeuse à sa volonté divine".
Dans la cathédrale de Coimbra, les obsèques de Soeur Lucie ont attiré une foule de fidèles venus lui rendre hommage avec des bouquets de fleurs ou des mouchoirs blancs à la main. L’assistance était trop nombreuse pour pouvoir prendre place entièrement dans la cathédrale. Des haut-parleurs ont été installés à l’extérieur à l’intention des personnes qui n’ont pu entrer. Les trois principales chaînes de télévision ont retransmis en direct la célébration. Les funérailles de la religieuse ont été décrétées jour de deuil national au Portugal.
De nombreuses personnalités ont assisté à la cérémonie. Le Premier ministre Pedro Santana Lopes s’est fait représenter par des membres du gouvernement. Le pape Jean-Paul II était représenté par le cardinal Tarcisio Bertone, archevêque de Gênes. L’archevêque de Lisbonne, Mgr José Policarpo, a souligné la "grande simplicité de Soeur Lucie". "Elle en vie, nous étions contemporains des événements de Fatima. Sa mort marque une frontière. A partir de maintenant, Fatima est un grand sanctuaire, un grand message, une grande tradition spirituelle", a-t-il déclaré dans son homélie.
Après la célébration, le corps de la religieuse a quitté la cathédrale sous les applaudissements (!) et les chants des fidèles, pour rejoindre le Carmel Santa Teresa. Elle y sera provisoirement inhumée, avant le transfert de sa dépouille, dans un an, à Fatima.
Funérailles de Sœur Lucie