Pourquoi nous n’acceptons pas l’œcuménisme actuel

Source: FSSPX Actualités

Cardinal Louis-François-Désiré-Edouard PIE (1815-1880) - Nommé par le pape Pie IX évêque de Poitiers à 34 ans

Un texte du Cardinal Pie.

« Nous vous tolérons bien, disent les fausses religions ; pourquoi ne nous tolérez-vous pas ? »

« C’est, répondait l’abbé Pie (vicaire alors à Notre-Dame de Chartres), c’est comme si les esclaves disaient à l’épouse légitime : “Nous vous supportons bien ; pourquoi être plus exclusive que nous ?” Les étrangères supportent l’épouse, c’est une grande faveur vraiment, et l’épouse est bien déraisonnable de prétendre seule à des droits et à des privilèges dont on veut bien lui laisser une part, du moins jusqu’à ce qu’on réussisse à la bannir tout à fait.

Voyez donc cette intolérance des catholiques ! dit-on souvent autour de nous ; ils ne peuvent souffrir aucune autre Eglise que la leur ; les protestants les souffrent bien ! Mes Frères, vous étiez dans la tranquille possession de votre maison et de votre domaine ; des hommes armés s’y précipitent, ils s’emparent de votre lit, de votre table, de votre argent, en un mot, ils s’établissent chez vous, mais ils ne vous en chassent pas : ils poussent la condescendance jusqu’à vous laisser votre part ! Qu’avez-vous à vous plaindre ? Vous êtes bien exigeants de ne pas vous contenter du droit commun !

Les protestants disent bien qu’on peut se sauver dans votre Eglise ; pourquoi prétendez-vous qu’on ne peut pas se sauver dans la leur ?

Mes Frères, transportons-nous sur une des places de cette cité. Un voyageur me demande la route qui conduit à la capitale : je la lui enseigne. Alors, un de mes concitoyens s’approche et me dit : J’avoue que cette route conduit à Paris, je vous accorde cela, mais vous me devez des égards réciproques, et vous ne me contesterez pas que cette autre route, la route de Bordeaux par exemple, conduise également à Paris. En vérité cette route de Paris serait bien intolérante et bien exclusive de ne pas vouloir qu’une route qui lui est directement opposée conduise au même but. Elle n’a pas un esprit conciliant ; jusqu’où ne se glissent pas l’envahissement et le fanatisme ?… Et je pourrais céder encore, car les routes les plus opposées finiraient par se rencontrer peut-être après avoir fait le tour du globe, tandis qu’on suivrait éternellement le chemin de l’erreur sans arriver jamais au ciel. Ne nous demandez donc plus pourquoi, quand les protestants avouent qu’on peut se sauver dans notre religion, nous nous refusons à reconnaître que, généralement parlant et hors le cas d’ignorance invincible, on puisse se sauver dans la leur. Les épines peuvent avouer que la vigne donne des raisins, sans que la vigne soit tenue de reconnaître aux épines la même propriété.

Nous sommes donc intolérants en matière doctrinale. Et nous en avons le droit. Et nous en avons le devoir. Parce que Notre Seigneur Jésus-Christ l’a été tout le premier, n’ayant fondé, aimé, épousé qu’une Eglise.

Par la nécessité des choses, l’intolérance est partout ; parce que partout il y a bien et mal, vrai et faux, ordre et désordre, et partout le vrai ne supporte par le faux, le bien exclut le mal, l’ordre combat le désordre… L’affirmation se tue, si elle doute d’elle-même ; et elle doute d’elle-même si elle laisse indifféremment la négation se poser à côté d’elle. (…) C’est la condition de toute vérité d’être intolérante ; mais la vérité religieuse, étant la plus absolue et la plus importante de toutes les vérités est, par conséquent, aussi, la plus intolérante et la plus exclusive ».