Premier mystère joyeux : l’Annonciation

Source: FSSPX Actualités

Le joyau de Serpotta (II/XIII)

Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur : qu’il me soit fait selon votre parole ! » (Lc 1, 38). Ces mots expriment l’humilité de Notre Dame à l’Incarnation, où brille également l’humilité de Notre Seigneur. Bossuet nous dit que « pour attirer sur nous la compassion, il fallait nous apprendre l’humilité ; c’est pourquoi un Dieu s’humilie dans les entrailles de la sainte Vierge, et y prend aujourd’hui la forme d’esclave » [1].

Cependant le maître Giacomo Serpotta présente à notre considération, en ce début du rosaire, la vertu de charité. Il veut nous introduire tout de suite dans le cœur du mystère : l’amour divin. En effet, Dieu même nous dit qu’« Il a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). Et saint Thomas, en parlant de la convenance de l’Incarnation, signale que « l’œuvre de l’Incarnation provient de l’immense charité divine, d’après ces paroles de l’Apôtre (Ep. 2, 4) : « Dieu, qui est riche en miséricorde, poussé par l’amour extrême dont il nous a aimés, alors que nous étions morts par nos péchés, nous a rendu la vie en Jésus-Christ » [2]. Saint Augustin s’écrira : « Qu’a voulu Dieu, en venant parmi nous, sinon nous montrer son amour ? » [3]. L’humilité de Notre Seigneur et celle de Notre Dame sont ainsi éclairées à la lumière de l’amour divin.

Si nous considérons l’allégorie de la charité sculptée par Serpotta, l’ampleur de son manteau nous parle de la largeur de cette vertu qui atteint le prochain, dans toute l’étendue du terme : le flambeau dans sa main droite nous montre l’intensité qu’elle doit avoir ; la légèreté du tissu nous indique la simplicité de cet amour, qui se veut tout spirituel et surnaturel. La main tendre qui se pose sur l’angelot évoque tous les signes extérieurs par lesquels se manifeste un cœur aimant. Finalement, le bouclier, signe de la foi, nous rappelle qu’il y a une connaissance qui accompagne toujours cet amour divin sur la terre et qui le protège des vaines illusions.

Abbé Pablo Billoni


[1] Sermon sur l'Annonciation, aux Grandes Carmélites de la rue Saint-Jacques, à Paris (1661).

[2] Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, III, q.1, a.5.

[3] De catechizandis rudibus, ch. 4.