Présidentielles au Pérou : l’évêque aux armées voit rouge
Mgr Juan Carlos Vera Plasencia
Le 6 juin 2021, le second tour de l’élection présidentielle au Pérou opposera un candidat de la gauche radicale, Pedro Castillo, à Keiko Fujimori, figure de la droite musclée. Dans un contexte politique tendu, l’évêque aux armées a appelé à faire barrage au communisme.
« Soutenir un communiste, c’est se rendre complices des atrocités commises par les terroristes du Sentier lumineux ! » Mgr Juan Carlos Vera n’a pas pour habitude de couper les cheveux en quatre. Sa lettre, publiée sur les réseaux sociaux le 17 mai 2021, est désormais devenue virale.
Car l’évêque aux armées du Pérou voit rouge, depuis que Pedro Castillo est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, le 13 avril dernier, avec plus de 18% des suffrages, dans un scrutin où 17% des électeurs ont glissé un bulletin blanc ou nul dans l’urne.
Instituteur originaire de la région de Cajamarca (Nord) et leader syndical, Pedro Castillo s’est fait connaître au cours d’une grève du corps enseignant en 2017.
Marxiste-léniniste dans l’âme, à gauche sur les questions économiques mais à droite sur les questions de société – il est opposé à l’avortement et aux unions homosexuelles – le sulfureux candidat est réputé proche du Sentier lumineux, une organisation terroriste d’extrême-gauche qui a ensanglanté le pays des années 1980 à la fin des années 1990.
Une accointance que dénonce le prélat : « je sais ce qu’est le Sentier, je l’ai vécu à Puquio (Ayacucho) de 1987 à 1990, je les ai vu assassiner les habitants des villages sans pitié, par lapidation, ou à coups de bâton de dynamite, comme ces 10 jeunes soldats de l’armée, pris dans une embuscade… Oh, mon Dieu ! Je ne compte plus les fois où je me revois ramasser les lambeaux des corps de ces jeunes soldats péruviens ! »
Aussi pour Mgr Vera, pas de doute, les électeurs doivent à tout prix faire barrage au candidat communiste : « Keiko est donc la seule option, elle saura cicatriser les blessures du passé et se battra pour un Pérou libre et indépendant », martèle le prélat.
Keiko Fujimori est pour la troisième fois candidate à la présidence. Elle est la fille de l’ancien homme fort du pays Alberto Fujimori actuellement en prison. Son père est accusé – entre autres – d’avoir mis en place une politique de stérilisation forcée de nombreuses femmes, dans le cadre d’un plan de lutte contre la pauvreté dans les années 1990.
S’inscrivant résolument dans le sillage de son père, Keiko Fujimori a elle même maille à partir avec la justice : un juge anti-corruption a requis contre elle trente ans de prison en mars dernier pour blanchiment d’argent et appartenance au crime organisé…
L’écart entre les deux candidats s’est considérablement réduit à quelques semaines d’un scrutin où tout reste possible. L’évêque péruvien aux armées veut, quant à lui, y croire : « notre patrie est menacée de perdre son identité et surtout sa religion catholique : demandons à Notre-Dame de la Merci de nous libérer du communisme », déclare-t-il.
Le 6 juin prochain promet d’être une journée longue et éprouvante pour Mgr Vera et les catholiques péruviens…
(Sources : Le Monde/Info Catolica – FSSPX.Actualités)