Procès au Vatican : le cardinal à la barre
Le cardinal Becciu
Accusé de détournement de fonds et d’abus de pouvoir, le cardinal Giovanni Angelo Maria Becciu a déclaré au tribunal qu’il était sûr que la vérité laverait son honneur, après avoir été soumis à ce qu’il qualifie de « massacre de la part des médias ».
« J’ai été dépeint comme un homme corrompu, avide d’argent, déloyal envers le pape, mais je suis ici la tête haute ! » Toisant ses juges, le cardinal Angelo Becciu, qui se dit victime d’un « massacre médiatique sans précédent », fait face à l’accusation aux côtés de neuf autres personnes, toutes soupçonnées de malversations financières.
Une affaire qui se concentre principalement sur un investissement immobilier londonien qui, selon les procureurs, aurait fait perdre des millions d’euros au Saint-Siège, tout en enrichissant un certain nombre d’intermédiaires.
Autant d’accusations que le porporato balaie d’un revers de main : « Je veux l’affirmer ici et maintenant, avec la force et la transparence de ma conscience : je n’ai jamais voulu que 1 €, voire 1 centime dont j’ai eu la gestion ou même la connaissance, fût détourné, mal utilisé ou utilisé à des fins qui n’étaient pas exclusivement institutionnelles », affirme-t-il dans une déclaration liminaire.
Au cours de la dixième audience, celui qui était au moment des faits qui lui sont reprochés, substitut à la secrétairerie d’Etat, devait être interrogé par le promoteur de justice – l’équivalent de l’avocat général – sur le versement de 125 000 € à des œuvres de son pays d’origine, la Sardaigne. Dont 100 000 € auraient été dévolus à la Caritas diocésaine, dirigée par son propre frère.
Mais, en raison d’une infection au SARS-CoV-2, Allessandro Diddi a préféré passer la main : « je ne suis pas en mesure de mener l’interrogatoire », a-t-il déclaré au début de l’audience.
Le président du Tribunal du Vatican, Giuseppe Pignatone, a néanmoins posé quelques questions sur le statut de Cecilia Marogna, une collaboratrice du cardinal déchu qui aurait touché de l’argent pour des missions ponctuelles et officieuses commandées par la secrétairerie d’Etat.
Mgr Becciu s’est réfugié derrière le secret pontifical entourant ce volet de l’affaire, se bornant à dire qu’il accepterait de parler si le secret était levé, ce qui ne peut être décidé que par une seule personne au monde : le pape…
Le président du Tribunal a ensuite interrogé le cardinal relevé de ses prérogatives en 2020, sur le dossier sarde, où celui-ci s’est défendu de tout enrichissement personnel, les sommes contestées ayant servi, selon lui, à la réinsertion de jeunes en difficulté.
En tout, l’audience aura duré plus de quatre heures avant d’être ajournée par Giuseppe Pignatone : prochain rendez-vous, le 30 mars prochain avec l’interrogatoire du témoin-clé de l’affaire, Mgr Mauro Carlino, ancien chef de bureau à la secrétairerie d’Etat.
Quand au cardinal Becciu, il devrait une nouvelle fois se tenir à la barre le 6 avril suivant. En espérant que le promoteur de justice ait alors recouvré la santé…
(Sources : The New York Times/Silere non possumus – FSSPX.Actualités)
Illustration : Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons - cc-by-sa-4.0, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons