A propos de la crise des vocations
Le 13 octobre, interrogé au cours d’une conférence de presse sur la possibilité d’ordonner des hommes mariés dans l’Eglise latine afin de pallier le manque de prêtres, le cardinal Telesphore Placidus Toppo, archevêque de Ranchi, en Inde, a expliqué que ce manque était en réalité "le symptôme d’un problème", celui de la "crise de la prêtrise" liée à la "crise de la foi en Europe". Des propos repris par le cardinal Sandoval Iniguez qui a estimé que le manque de prêtres était "l’effet du manque de foi, de vision spirituelle et de transcendance" d’un monde sécularisé. L’archevêque de Guadalajara a aussi souligné que "le recours aux ‘viri probati’" (hommes mariés pouvant être ordonnés prêtres) discuté durant les congrégations générales du synode était "un problème que se posait l’Eglise" et "qui n’avait pas de solution".
Malgré l’admission d’hommes mariés au sacerdoce, les Eglises orientales connaissent "une crise des vocations", a-t-il poursuivi. Ces prêtres mariés sont aussi "un problème". Car ils n’ont pas de temps pour étudier, doivent beaucoup travailler pour subvenir aux besoins de leur femme et de leurs enfants, et parfois divorcent. Le cardinal mexicain a estimé bon que cette question ait été exposée durant les débats, tout en affirmant qu’il ne pensait pas que ce soit pour autant "une solution".
L’évêque ukrainien Sofron Stefan Mudry, qui participait à la conférence de presse en tant que président de la Commission pour l’information, a confirmé ces propos. Il a affirmé que s’il n’avait "rien contre cet état", il fallait cependant qu’ "au moins 50% des prêtres" soient célibataires si l’on voulait sauver l’Eglise ukrainienne. Il a expliqué en effet que les prêtres uniates mariés avaient des problèmes sociaux et humains "sans fin" dans leur vie quotidienne.
Le 18 octobre, le cardinal ghanéen Peter Kodwo Appiah Turkson, archevêque de Cape Coast, répondait à la presse anglophone : "concernant le problème du manque de prêtres, nous avons étudié différentes solutions". "L’une des solutions souhaitée" par les pays en manque de prêtres, serait "qu’ils en accueillent venant d’endroits où ils sont nombreux". "Il y a des pays où les séminaires sont pleins" et "cela pourrait être une solution immédiate". Le cardinal a cependant évoqué la question "du long terme" qui serait de susciter à nouveau des vocations.
Par ailleurs, si les séminaires sont pleins dans certains pays, notamment en Afrique, "nous ne parlons pas de surplus", a-t-il précisé. "Nous n’avons pas plus" de prêtres que "ceux dont nous avons besoin", a-t-il poursuivi. Et d’affirmer : "il est difficile d’apprécier la gravité de la situation" concernant les pays riches. "Les gens se déplacent" pour les jeux sportifs, pourquoi ne pas faire la même chose pour la messe?, s’est-il interrogé, insistant sur la grande mobilité des fidèles occidentaux dotés de voitures. Il a aussi expliqué qu’envoyer du renfort dans les pays occidentaux ne pouvait être qu’une solution "de court terme", correspondant à un acte "généreux" de leur part, comme l’avait été autrefois celui des pays d’Europe à leur égard. Le cardinal ghanéen a souligné que cette redistribution du clergé dans le monde n’allait pas sans poser de problèmes. Il a évoqué les difficultés de type culturel pouvant apparaître lors des transferts de prêtres, ceux-ci ne parvenant pas toujours à bien s’intégrer et les fidèles pouvant avoir du mal à les accepter.