Quand les Maçons s'exposent

Source: FSSPX Actualités

En juin 1717, soit il y a exactement 300 ans, quatre loges londoniennes se réunirent pour former la première obédience maçonnique : la Grande Loge de Londres. Cette date marque la naissance de l'institution maçonnique moderne. Pour commémorer cet événement, le Musée d’Histoire de Berne, organise - avec le concours d’une loge bernoise - une exposition du 15 juin au 3 septembre 2017, intitulée « Top Secret : les francs-maçons ».

Le but de cette exposition consiste en une énième tentative de dissiper les soi-disant préjugés tenaces dont cette société secrète ferait l’objet. L’exposition qui se veut très didactique, traite de l’origine de la franc-maçonnerie au temps des « Lumières », de la promotion qu’elle fit du libéralisme au cours du XIXe siècle, ainsi que de la "chasse aux sorcières" dont les sociétés secrètes estiment avoir été victimes de la part des régimes fasciste italien et national-socialiste allemand. 

Le visiteur pourra découvrir une partie - celle que les loges ont bien voulu dévoiler - des signes et des symboles maçonniques. Autre représentation qui ne manquera pas de susciter l’intérêt : le fameux « cabinet de réflexion », représenté par un crâne et une chandelle, où l’impétrant qui aspire à devenir maçon, passe un long moment afin de méditer sur sa nature de mortel et sur les motifs qui l’amènent à vouloir rejoindre la loge, motifs qu’il doit ensuite consigner par écrit. 

Sans oublier le cœur de la loge constituée par le « Temple », lieu où se déroulent les cérémonies. Avant de pénétrer dans cet endroit ordinairement réservé aux initiés, le curieux peut voir dans une vitrine une maquette du Temple de Salomon, d’après l’original décrit dans l’Ancien Testament. 

Bien sûr, le visiteur gardera à l’esprit que tout cette profusion de signes ésotériques constitue en fait une captatio benevolentiae ayant pour but de créer une forme de sympathie à l’égard de la maçonnerie et de faire oublier sa nature profondément anti-chrétienne.  

Cependant personne ne peut se méprendre. L’exposition bernoise ne se trompe pas d’ennemi, et c’est bien l’Eglise catholique qui se trouve dans son viseur lorsqu’elle mentionne, qu’à l’ère des « Lumières », la « tolérance maçonnique est une menace » aux yeux de l’Eglise. L’exposition, qui ne craint pas l’amalgame, rappelle aussi qu’en Europe méridionale l’Inquisition s’est acharnée contre les francs-maçons, de même que les nazis au XXe siècle. 

Et afin de marquer émotionnellement le visiteur, ce dernier pourra examiner une illustration de la légende maçonnique montrant la torture par l’Inquisition portugaise, en 1744, de Jean Coustos, tailleur de pierres né à Berne de parents huguenots et installé au Portugal, où il sera condamné au bagne pour son appartenance à la franc-maçonnerie. 

Toutefois, l’exposition bernoise se garde bien d’aborder les condamnations doctrinales du Magistère catholique la visant depuis bientôt trois siècles, à commencer par la bulle pontificale  In eminenti apostolatus , fulminée le 28 avril 1738 par Clément XII. Ce document prononçait à l’encontre des catholiques appartenant aux loges une excommunication latae sententiae. Cette condamnation, répétée par les papes à de nombreuses reprises, fut même inscrite dans le Code pio-bénédictin de 1917. 

Le nouveau Code de droit canonique promulgué en 1983 par le Vatican ne la mentionne plus explicitement, mais il prévoit toujours une peine pour celui qui « s’inscrit à une association qui conspire contre l’Eglise », ainsi que l’interdit - c'est-à-dire la privation de sacrements, de participation aux offices divins, et d’une sépulture en terre consacrée - pour ses dirigeants.  

Dans le même sens, le 26 novembre 1983, a été approuvée par Jean-Paul II une « Déclaration sur l’incompatibilité entre l’appartenance à l’Eglise et la franc-maçonnerie ». Signée par le cardinal Joseph Ratzinger, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, elle précise que « le jugement négatif de l’Eglise sur les associations maçonniques demeure inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise, et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Eglise ». Elle rappelle au passage que « les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion ». 

Si l’Eglise est sévère dans son jugement sur la franc-maçonnerie, c’est qu’il existe des motifs graves de condamnation. Le premier est le naturalisme, qui ne consiste pas tant à nier l’existence de Dieu qu’à refuser d’en tirer les conséquences dans l’ordre humain. Aussi la société doit-elle être organisée, selon les "frères", comme si Dieu n’existait pas. 

Autre motif de condamnation : le relativisme doctrinal qui se couvre du masque de la « tolérance ». Ainsi, la méthode maçonnique - comme le soutenait publiquement Richard Dupuy, grand maître de la Grande Loge de France, le 20 juillet 1968, à l’occasion du Convent de son obédience - consiste dans « la remise en cause perpétuelle de ce qui est acquis ». Sur le plan religieux, ce relativisme a pour funeste conséquence le refus de tout dogme et de toute révélation. Sans parler du plan moral où toutes les déviations deviennent désormais possibles. 

Enfin le « secret » juré des francs-maçons est dénoncé par l’Eglise qui invoque les paroles même de son divin Fondateur : « Quiconque fait le mal, hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées ; mais celui qui agit dans la vérité, vient à la lumière, pour qu’il apparaisse au grand jour que ses œuvres sont faites en Dieu » (Jn 3, 20-21).