Québec : Un maire défend la prière au conseil municipal

Source: FSSPX Actualités

Le maire de Saguenay au Québec, Jean Tremblay, se bat pour maintenir la prière avant chaque séance du conseil municipal. Attaqué par un citoyen de sa ville et par le Mouvement laïque québécois, il a été condamné le 11 février dernier, par le Tribunal des droits de la personne du Québec, à leur verser 30.000 dollars canadiens (22.000 euros) et surtout à ne plus dire de prières. Le jugement exige en outre de retirer une statue du Sacré-Cœur et le crucifix dans les salles où se déroulent les assemblées au nom de « l´obligation de neutralité des pouvoirs publics » et de la « liberté de conscience des citoyens ».

Bien décidé à ne pas abandonner une longue tradition québécoise, le maire a lancé un appel aux dons le 16 février afin d’éviter à cette ville de 150.000 habitants de consacrer l’argent public à cette affaire juridique. « Je suis certain que mes citoyens sont favorables à ce qu'on se tienne debout et qu’on fasse respecter nos valeurs », a-t-il déclaré au micro de Radio Ville-Marie. Depuis, c’est un véritable plébiscite puisqu’au 1er mars, plus de 100.000 dollars canadiens (70.000 euros) ont été récoltés. Pour l’édile québécois, la prière est un droit : « c´est probablement la première fois dans l´histoire du monde, qu´un maire est empêché de faire la prière et puni pour l´avoir récitée ». Devant une presse de plus en plus nombreuse, venant de tout le pays, il a affirmé que « les gouvernants québécois sont particulièrement mous à défendre ce qui fait notre identité », estimant que sa position « reflète le vœu de la majorité des citoyens, à 90 % catholiques ». Fort de ce soutien, il compte bien aller au bout de ce combat : « On ne peut pas laisser aller ces choses-là, car cela a des répercussions partout au Québec. Imaginez-vous si on cédait. Ces gens-là vont faire la loi partout : ‘Enlève-moi le crucifix, enlève-moi ci, change-moi tel nom’ ».

La controverse dépasse les frontières de la ville de Saguenay. Le jugement du Tribunal des droits de la personne du Québec pourrait en effet s’appliquer à toutes les institutions publiques de la Belle Province. Une perspective qui a déjà faire réagir Hugo D´Amours, le porte-parole du Premier ministre Jean Charest : « Pas question pour le gouvernement de décrocher le crucifix de l´Assemblée nationale ». C´est en tout cas ce qu´il a déclaré, le 15 février, au quotidien québécois Le Soleil, rappelant que « l´Eglise a joué un rôle important dans l´histoire du Québec et que le crucifix en est un symbole ». Il a en outre précisé que « l´Assemblée nationale campera sur la position prise en mai 2008, soit le vote à l´unanimité en faveur d´une motion gouvernementale affirmant que le crucifix resterait en place ».

Ce n’est évidemment pas l’avis du Mouvement laïque québécois, qui, par la voix de sa présidente, Marie-Michelle Poisson, estime que la décision du Tribunal « pourrait avoir des répercussions jusqu´à l´Assemblée nationale, où le crucifix qui trône est très controversé ».

Dans cette même enquête réalisée par Le Soleil, la députée Louise Beaudoin, membre du Parti québécois, réagit avec vigueur, estimant que « le Québec nage en pleine incohérence » sur ces questions. « Pourquoi la Cour suprême permet-elle le kirpan (arme symbolique s´apparentant à un poignard, portée par les Sikhs orthodoxes) dans les écoles, alors que le Tribunal des droits de la personne nous dit que la prière ne peut pas être récitée, et que le crucifix ainsi que l´image du Sacré-Cœur doivent être enlevés ? » Et d’insister : « Le gouvernement Charest porte la responsabilité de cette incohérence parce qu´il soutient une laïcité à deux vitesses, à la pièce, à la carte. Il faudrait s´entendre sur des règles communes ». En l’occurrence, comme le déplore le Mouvement laïque québécois, il « n´existe aucun texte législatif déclarant explicitement la laïcité de l´Etat, de l´action gouvernementale et de ses agents ».

En vue d’apaiser les tensions, l´Union des municipalités du Québec a suggéré à ses membres de remplacer la prière par une période de recueillement. C´est ce que font la majorité des grandes villes du pays depuis des années. Une proposition dont le maire de Saguenay ne veut pas entendre parler, préférant, à voix haute, perpétuer « les belles valeurs qui ont bâti le Québec depuis 450 ans ». (Sources : apic/radio Ville Marie/Le Soleil/canoë.ca – DICI n°231 du 05/03/11)

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