Québec : un silence religieux doit s’imposer à l’école publique
Jean-François Roberge, ministre de l’Education du Québec
Le remplacement du cours d’« éthique et culture religieuse » par un nouveau module fondé sur la culture et l’identité québécoise dès l’automne 2023 inquiète les évêques du Québec.
« Rien n’est pire qu’un ignorant qui ne reconnaît aucune chose pour vraie hormis ce qui lui plaît » : un aphorisme du poète Térence que les évêques de la Belle province pourraient reprendre à leur compte depuis que le ministre de l’Education a présenté, le 24 octobre 2021, les grandes lignes du nouveau cursus scolaire.
Intitulé « Culture et citoyenneté québécoise », ce nouveau module doit remplacer celui d’éthique et culture religieuse (ECR) dans toutes les écoles non confessionnelles du Québec à partir de la rentrée 2023.
En résumé, exit le cours qui permettait à de nombreux élèves éloignés de la pratique religieuse, d’avoir quelques rudiments d’histoire et d’enseignement religieux, qui, malgré ses lacunes, se trouve évacué au profit d’un vague concept d’« exercice de la citoyenneté ».
Une décision qui inquiète l’épiscopat : l’Assemblée des évêques du Québec (AECQ) a réagi dans un communiqué publié le 25 octobre dernier, déplorant un « accroissement de la méconnaissance du fait religieux qui en découlera inévitablement ».
Pour les prélats, cette ignorance « ouvre la porte aux préjugés et aux attitudes extrêmes à l’endroit des personnes croyantes, alors qu’elles forment une partie significative de la population québécoise ».
La déception est d’autant plus grande du côté de l’AECQ, qu’il semblait y avoir eu concertation entre l’épiscopat et les pouvoirs publics : « dans le cadre des brèves consultations en ligne organisées par le ministre de l’Education en janvier et février 2020, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec a déposé un mémoire intitulé L’importante complémentarité de l’éthique et de la culture religieuse dans le Québec d’aujourd’hui et de demain.
« Elle recommandait notamment que la révision du programme, processus normal après dix ans d’existence, prête une attention particulière aux demandes des enseignantes et enseignants, qui connaissent bien les réalités sur le terrain. Cette recommandation ne semble malheureusement pas avoir été entendue. » Une façon de dénoncer une réforme faite « à la hussarde ».
Même le Conseil supérieur de l’éducation, organisme d’Etat, n’a pas été suivi dans son avis de février 2021 qui maintenait l’importance d’un enseignement du fait religieux dans les établissements privés.
Dans une région où le catholicisme demeure fort, revendiqué par plus de 80% de la population, « la religion demeure un enjeu de société, au Québec comme ailleurs, et ce fait ne disparaîtra pas du jour au lendemain en évacuant la culture religieuse du programme scolaire », préviennent les évêques.
La pratique religieuse des catholiques est d’ailleurs assez élevée : plus de 20% des fidèles vont à l’église une fois par semaine. Loin cependant des 58% de protestants conservateurs. Mais il est vrai que le Canada francophone – dont le Québec – ont connu un effondrement religieux lors de la « révolution tranquille » qui a suivi le concile Vatican II.
Encore faut-il retrouver un enseignement clair, fondé sur la Tradition de l’Eglise, afin d’enrayer, sinon de faire échec, à cette sécularisation à marche forcée.
(Sources : Radio Canada/AECQ – FSSPX.Actualités)
illustration : FrancisBouchard7, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons