Recadrage gouvernemental sur la fin de vie

« C’est François Bayrou qui tranche et sa position est très ferme. » Le moins que l’on puisse dire, c’est que la mise au point de la porte-parole du gouvernement ne fait pas vraiment dans la langue de bois. Sophie Primas savait en ce 13 février 2025 qu’elle ne passerait pas à côté des questions des journalistes sur de récentes déclarations de la ministre de la Santé.

La veille, Catherine Vautrin n’avait pas hésité à s’opposer au premier ministre de son gouvernement sur la question de la fin de vie. On sait que François Bayrou, peu favorable à une généralisation de l’euthanasie considérée comme un « soin » comme les autres, souhaite relancer la dynamique des soins palliatifs en France, qui constituent une bonne alternative à la mort en gants blancs légalisée.

Pour cela, le locataire de Matignon plaide pour deux textes différents, un premier traitant des soins palliatifs – un « devoir de la société » selon lui – et un second sur l’euthanasie – une « question de conscience ».

Les progressistes de tous poils n’avaient pas tardé à pousser des cris d’orfraies en criant tantôt à la « trahison » ou à « l’hypocrisie », ayant bien compris que le rusé Béarnais entendait renvoyer la légalisation du suicide assisté aux calendes grecques, ou du moins éviter sa généralisation hâtive en donnant la priorité aux soins palliatifs.

Mais la ministre du Travail et de la Santé ne partage pas cet avis, et plutôt que de jouer la carte de la cohésion, a préféré celle de la cacophonie : « Avec deux textes, ceux qui ne veulent pas de la fin de vie voteront contre », avoue benoîtement Catherine Vautrin sur France Inter, reconnaissant le stratagème éhonté d’un seul texte sur la fin de vie afin de faire passer la pilule amère de l’euthanasie.

« La position du premier ministre est très claire, il y aura deux textes », martèle Sophie Primas lors du point-presse hebdomadaire du gouvernement. La porte-parole a précisé qu’on « est aujourd’hui dans la détermination des modalités », assurant qu’on « ne repart pas de zéro » même si « ce n’est pas tout à fait possible » de reprendre la proposition de loi Falorni, comme le rapporte Le Figaro.

L’examen en avait été interrompu par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier. L’examen du futur texte sur les soins palliatifs devrait avoir lieu au mois de mai prochain, en tout cas « avant la fin de la session ordinaire » du Parlement qui s’achève le 30 juin suivant.

La récente sortie de Catherine Vautrin ne doit cependant rien à l’effet du hasard : cette ex LR, pressentie un temps pour Matignon, mais recalée parce que jugée trop à droite par la macronie, a probablement décidé de faire primer son ambition personnelle sur d’éventuelles convictions.

Alors que plusieurs des fidèles du locataire de l’Elysée ont commencé à prendre leurs distances avec ce dernier, l’actuelle ministre de la Santé s’est rapprochée du Château : « C’est la droite légitimiste qui reconnaît le chef », lui accorde un visiteur du soir d’Emmanuel Macron.

Catherine Vautrin a donc fait évoluer sa garde-robe en optant pour l’uniforme de la bonne élève de la macronie : « Son engagement envoie un bon signal, c’est devenu un poids lourd de Renaissance, on a énormément de chances de l’avoir », commente l’entourage de Gabriel Attal. Il ne manque plus que le col Claudine et les souliers vernis…

Reste à savoir si le fait de céder ainsi aux sirènes progressistes assurera à l’actuelle locataire de l’avenue Duquesne l’obtention de futurs maroquins et de voitures de fonction à cocarde tricolore : après tout, Paris vaut bien une messe comme aurait dit Henri IV. Même si pour ce dernier, la fin de vie ne fut pas vraiment choisie.