Rencontre de Jean-Paul II et de Bartholomé 1er

Source: FSSPX Actualités

 

Jean-Paul II et Bartholomé 1er se sont retrouvés pour marquer le quarantième anniversaire de la rencontre de Paul VI et d’Athénagoras à Jérusalem. Rappelant cette accolade historique, Jean-Paul II l’a qualifiée de "courageuse et joyeuse", mais aussi de "providentielle pour la vie de l’Eglise". Selon lui, les deux hommes ont su alors "dépasser les préjugés et les incompréhensions séculaires". Cette rencontre à Jérusalem avait précédé le retrait des excommunications mutuelles qui dataient de 1054.

A l’occasion de la visite de Bartholomé 1er, Jean-Paul II a répété que "l’engagement pris par l’Eglise catholique depuis le concile Vatican II", en faveur de l’unité, était "irrévocable". "Maintenant, on ne peut y renoncer", a-t-il ajouté en invitant les chrétiens à "intensifier leurs efforts, chacun pour leur propre part, afin qu’advienne plus vite le jour où se réalisera pleinement le désir du Christ : Qu’ils soient un". Le pape a précisé que, dans son engagement en faveur de l’unité, il s’est toujours laissé guider "par la boussole sûre de l’enseignement du Concile Vatican II".

La rencontre de Jean-Paul II et de Bartholomé 1er intervient après les vives réactions orthodoxes au projet de création d’un patriarcat catholique en Ukraine. Après avoir reçu, à l’automne 2003, une lettre du cardinal Walter Kasper lui faisant part de ce projet, le patriarche orthodoxe russe Alexis II avait immédiatement fait suivre ce courrier à Bartholomé 1er. La réaction du patriarche de Constantinople avait été violente. Dans une lettre envoyée à Jean Paul II en novembre 2003 et publiée tout d’abord dans la version grecque du site de son Eglise, Bartholomé 1er avait menacé l’Eglise catholique de geler ses relations avec elle en cas de création du patriarcat. Au Vatican, le ton de cette lettre n’avait guère été apprécié. Depuis, les tensions se sont partiellement détendues, grâce notamment à la décision de mettre en place une commission mixte catholico-orthodoxe, - décision prise au cours de la visite du cardinal Kasper à Moscou, du 18 au 23 février 2004.

Pour l’heure, le dialogue théologique officiel entre les orthodoxes et les catholiques est suspendu depuis la dernière session de la Commission mixte internationale de dialogue qui s’était réunie en l’an 2000 à Baltimore. Cependant pour marquer "la cordialité de leurs relations et l’importance des gestes symboliques d’amitié", Jean-Paul II a décidé de répondre favorablement à la demande des orthodoxes du patriarcat de Constantinople en leur prêtant une église pour leur culte à Rome. Cette église, Saint-Théodore au Palatin, tout juste rénovée par le diocèse de Rome, a été inaugurée par Bartholomé 1er, le 1er juillet, en présence d’une délégation du Saint-Siège.

A la fin de son séjour, le patriarche de Constantinople a déclaré à l’Avvenire du 2 juillet : « J’ai invité le pape à Constantinople. Il a été très heureux de cette invitation, j’ai l’impression qu’il pourrait venir le 30 novembre prochain, à l’occasion de la fête de saint André". Cette visite en Turquie aurait lieu à deux semaines de l’ouverture du débat européen sur la question de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Un point sur lequel le patriarche s’est exprimé, en soulignant qu’il s’agissait d’un événement "espéré", au sujet duquel il est "absolument favorable". Enfin, tout en restant prudent, il a espéré la reprise du dialogue théologique "d’ici à la fin de cette année, ou au début de l’année prochaine".

Les Ukrainiens gréco-catholiques feront-ils les frais de cette reprise du dialogue avec les orthodoxes ? Recevant le 3 juin 2004 leur cardinal et archevêque majeur, Lubomyr Husar, le Souverain Pontife avait précisé que la création d’un patriarcat ne se ferait pas sans tenir compte de la position des autres Eglises chrétiennes.

De passage à Rome, à l’occasion de la visite de Bartholomé 1er, le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec et primat du Canada, ancien secrétaire du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, a déclaré à l’agence Apic : "Je crois qu’il faut reconstruire l’amitié et la fraternité sur des bases plus larges que le dialogue théologique", précisant qu’il faut retrouver "les choses que nous avons en commun, plus fondamentales que les vérités dogmatiques nous divisant". "Si nous pouvions trouver un moyen de renouer le dialogue et les échanges à partir de ce que nous avons en commun de vie de foi, cela nous aiderait à construire cette fraternité", a lancé le cardinal dont la devise est Ut unum sint.

Dans cette perspective, il a encouragé les initiatives de partage concret, comme le sommet du 8 mai 2004 à Stuttgart, en Allemagne, "un événement extraordinaire de communion entre les gens de différentes confessions". Cette première rencontre a eu lien sous l’égide de la communauté Sant’Egidio et du mouvement des Foccolari dont le thème "Ensemble pour l’Europe" rassemblait communautés et mouvements chrétiens européens.