Restauration de Notre-Dame : l’avertissement des professionnels
Les membres du Groupement des entreprises de restauration des monuments historiques (GMH) n’ont pas été convaincus par le projet de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris tel qu’il a été présenté en Conseil des ministres à l’Elysée, le 17 avril 2019.
Le GMH représente 232 entreprises spécialisées, dont 94 entreprises de maçonnerie et de taille de pierre. Le groupement entend s’opposer à toutes les solutions qui feraient appel à des matériaux modernes comme un toit en titane ou une charpente en béton.
« Nous sommes des restaurateurs. Nous sommes pour une restauration de Notre-Dame à peu près à l’identique », explique Gilles de Laâge, co-président du GMH, auprès de l’agence Reuters, le 26 avril 2019.
Cette exigence de restauration paraît peu compatible avec la volonté de reconstruction de l’édifice dans un délai de cinq ans, tel que l’a annoncé le chef de l’Etat au lendemain de la catastrophe.
Restaurer en respectant la cathédrale
Pour Gilles de Laâge, le projet de loi gouvernemental, s’il permet une simplification et une optimisation administrative, comporte un « gros risque », celui « d’arriver à dire qu’on peut faire n’importe quoi là où on veut, à cet endroit-là ». Et d’insister : « il faut trouver une optimisation pour Notre-Dame de Paris mais elle doit rester encadrée et raisonnable, dans le respect du monument ».
L’heure est actuellement à la mise en sécurité de la cathédrale. La construction a été durement éprouvée par l'incendie et se trouve privée de toit. Il s’agit d’étayer les pignons fragilisés et de mettre hors d'eau la voûte désormais à ciel ouvert. Dans ce but, quatre-vingts personnes s’attèlent, jour et nuit, à cette tâche qui devrait durer quatre mois.
Puis viendra le temps du diagnostic : « c'est la phase la plus importante pour connaître l'état complet de la structure, établir un cahier des charges et un calendrier de restauration », souligne Frédéric Létoffé, co-président du GMH, soucieux de mener à bien une restauration exemplaire. Le temps des cathédrales n’est décidément pas celui des politiques.
(Sources : Reuters/Challenges - FSSPX.Actualités - 07/05/2019)