Rome : La Fraternité Saint Pie X à l’ordre du jour de la prochaine réunion des chefs de dicastères ?
Selon le quotidien italien Il Giornale du 2 février, la situation canonique de la Fraternité Saint Pie X serait à l’ordre du jour de la réunion des chefs de dicastères convoqués par le pape, le 13 février à 10 h 30. D’après le vaticaniste Andrea Tornielli, cette réunion que l’on compare à un "conseil des ministres" du Vatican, étudierait - entre autres sujets – la possibilité d’une levée des excommunications encourues par les évêques sacrés par Mgr Lefebvre et Mgr de Castro-Mayer en 1988.
Il Giornale mentionne également le fait que le cardinal Julian Herranz, président du Conseil pontifical pour les Textes législatifs, aurait prédit depuis longtemps une hypothèse "d’accord canonique prévoyant l’institution d’une administration apostolique" pour les prêtres et fidèles attachés à la Tradition.
Le cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé et président de la Commission Ecclesia Dei, en charge du dossier traditionaliste, reste silencieux sur le sujet, mais une source bien placée, interrogée par l’agence I.Media et reprise par l’Apic, a confirmé qu’une réunion était prévue prochainement pour parler de "l’éventuelle réconciliation de l’Eglise avec la Fraternité Saint Pie X". Mais de préciser aussitôt que si l’on parle de "rapprochement" entre la Fraternité Saint Pie X et l’Eglise catholique, on ne s’attend pas pour autant à un "grand changement". En effet, "il est encore trop tôt" pour parler de changement "décisif", estime-t-on.
A Menzingen, siège de la Maison généralice de la Fraternité Saint Pie X, on déclare avoir appris la nouvelle par la presse. Mgr Bernard Fellay n’a aucunement été averti par les autorités romaines de l’ordre du jour de la réunion du 13 février. En revanche, il a de nouveau exposé la position de la Fraternité au sujet des sanctions canoniques de 1988, lors de son sermon du 2 février au séminaire de Flavigny (voir nos Documents) : "Nous avons toujours refusé de reconnaître la validité de ces excommunications, nous ne pouvons donc pas demander qu’on enlève quelque chose qui n’existe pas. Et avant même de poser cet acte, nous avons demandé bien sûr le retrait du décret d’excommunication, son annulation ; mais même dire "annuler" veut déjà dire que l’on reconnaîtrait quelque chose. Nous l’avions demandé depuis le début ; c’était l’un des préalables que nous avions posés. Et, pour la première fois, Rome semble prendre ce chemin que nous leur avions proposé en l’an 2000".
Déjà lors de sa conférence à Saint Nicolas du Chardonnet, le 11 décembre dernier, le Supérieur général de la Fraternité Saint Pie X expliquait le sens de ces préalables à une discussion doctrinale ultérieure avec le Vatican : "Dès le début en 2000, nous avions dit à Rome : Avant de discuter, avant d’aller plus loin, il faut des préalables. Ces préalables, nous en avions donné deux : c’était la liberté de la messe, la liberté pour tous les prêtres, nous l’avons déjà nous, ce n’est pas pour nous. Et, puisque l’on utilise toujours cette excommunication comme un épouvantail pour faire peur aux gens et pour limiter le bien que l’on pourrait faire, que l’on enlève cet épouvantail. Jusqu’ici Rome avait toujours refusé. Je pense qu’avec le nouveau pape on est en train d’y réfléchir. Je crois que Rome n’exclut plus l’idée que nous avions proposé au départ qui était celle de créer une nouvelle situation pour la Fraternité où elle ne serait engagée absolument en rien envers les nouveautés. Nous restons tels que nous sommes mais, si on peut dire, débarrassées de ces quolibets, de ces étiquettes qui font peur. Tout en disant à Rome : Pendant ce temps-là, tout simplement, vous nous regardez faire. Vous ne vous engagez à rien vous non plus, vous regardez et vous laissez cette liberté de la messe." (Texte intégral de la conférence à Saint Nicolas du Chardonnet dans le prochain Nouvelles de Chrétienté, janvier-février 2006, n° 97)