Rome : le cardinal Roche adresse une lettre aux évêques allemands

Le site katholisch.de a obtenu une copie de cette lettre. L’objet de la lettre est de mettre en garde la DBK contre des pratiques incompatibles avec la doctrine de l’Eglise ou le droit canon actuel, pratiques approuvées par la dernière Assemblée du Chemin synodal, au début du mois de mars.

La prédication des laïcs au cours de la messe

Le préfet du Dicastère pour le culte divin renvoie au droit liturgique en vigueur, qui n’autorise que les clercs à prêcher lors de la messe. « Il ne s’agit pas d’une exclusion des laïcs ni d’une négation du droit et du devoir de tout baptisé d’annoncer l’Evangile, mais plutôt d’une confirmation de la spécificité de cette forme de prédication qu’est l’homélie », précise-t-il.

Il ne s’agit pas de créer des inégalités entre les baptisés, mais de reconnaître « qu’il y a des distinctions faites par l’Esprit, qui engendrent des charismes différents, distincts et complémentaires », poursuit la lettre. En vertu du sacrement de l’ordre, le ministre ordonné est responsable de la proclamation de la Parole comme de la consécration.

« La Parole et le sacrement sont des réalités inséparables et, dans la mesure où ils ne sont pas seulement l’expression formelle de l’exercice de la “sacra potestas” [pouvoir sacré], ils ne sont pas séparables et ne peuvent pas être délégués », conclut-il.

Le cardinal Roche suggère que les compétences acquises par les laïcs servent pour le catéchisme et d’autres formes de prédication en dehors de la célébration liturgique.

L’administration du baptême par les laïcs

Un texte voté lors de la dernière Assemblée du Chemin synodal, le vendredi 11 mars, exige des évêques allemands une autorisation de principe concernant « l’introduction de l’administration extraordinaire du baptême selon le can. 230 § 3 CIC 1983 ». Autrement dit de permettre de manière ordinaire ce qui est l’objet de cas extraordinaires.

Le cardinal Roche renvoie au droit en vigueur qui ne prévoit le baptême par des laïcs qu’en cas d’absence ou d’empêchement d’un clerc. Cette condition est remplie lorsqu’un ministre ne peut être joint dans un délai d’un mois. De telles circonstances « ne semblent exister dans aucun diocèse du domaine de la Conférence épiscopale allemande », ajoute-t-il.

Le « rite œcuménique » du baptême invalidé

Dans sa lettre, Mgr Roche indique que le rite œcuménique de baptême pour les enfants de familles de confessions différentes, publié en 2021 par certains diocèses allemands et certaines églises protestantes régionales, n’a pas été approuvé et ne peut donc pas être utilisé.

Enfin le cardinal Roche rappelle les règles sur la traduction des textes liturgiques, qui doivent être « fidèles et appropriés » et transmis au Saint-Siège pour « reconnaissance » ou approbation.

Réactions en Allemagne

Au nom de la conférence épiscopale, un porte-parole a fait savoir ce jeudi que l’on continuerait à chercher le dialogue avec Rome, selon ce que la lettre elle-même suggérait.

L’attachée de presse du Comité central des catholiques allemands (ZdK) a déclaré que le comité se réjouissait de la lettre de Rome. Mais elle explique que la pratique de l’Eglise allemande est déjà plus avancée que l’actuel enseignement de l’Eglise sur le baptême et la prédication : « Dans quelques années, plus personne ne pourra s’y opposer sérieusement. »

L’homélie par des laïcs est au moins tolérée depuis des années dans certains diocèses. Dans le diocèse de Rottenburg-Stuttgart, cela existe depuis 1999 sous l’impulsion de l’évêque de l’époque, Walter Kasper. Fin 2022, l’actuel évêque de Rottenburg, Gebhard Fürst, a mis en vigueur un décret permettant aux théologiens laïcs d’administrer le baptême.

Au printemps, le diocèse d’Essen avait déjà mandaté les premiers agents pastoraux et communautaires pour administrer le baptême. Dans le diocèse suisse de Bâle, des laïcs baptisent déjà depuis des années, et depuis 2019 également dans des paroisses qui ne sont pas dirigées par des laïcs. La liste n’est pas exhaustive.

Conclusion

L’intervention du cardinal Roche est certes bien venue, claire et argumentée. Mais la question qu’il faut se poser est la suivante : jusqu’où ira-t-il pour remettre les évêques allemands au pas ? Les premières réactions ne laissent planer aucun doute sur la volonté des évêques et des fidèles d’Allemagne de mettre en œuvre les décisions de leur Chemin synodal.

Il sera bien plus difficile de les faire rentrer dans le rang que de frapper à coups redoublés sur les prêtres et les fidèles qui utilisent le rite traditionnel. Jusqu’ici, aucune des interventions romaines, depuis le commencement du Chemin synodal, n’a eu d’effet, qu’elle vienne du Pape ou de la Curie, à l’exception d’une modification des Statuts.

Les résultats de cette action seront une pierre de touche de la force réelle de la Curie, et du préfet du Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements en particulier, face à l’épiscopat allemand.