Rome : le cardinal Zen a été reçu par le pape
Le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hong Kong, qui a été arrêté l’année dernière en vertu de la loi sur la sécurité nationale de la ville, a été autorisé par un tribunal local à se rendre à Rome pour assister aux funérailles de Benoît XVI, a annoncé l’AFP.
Après la confiscation de son passeport par les autorités lors de son arrestation, un magistrat a statué le 3 janvier 2023 que le cardinal de 90 ans était autorisé à quitter Hong Kong pendant cinq jours pour les funérailles du pape émérite organisées le 5 janvier, place Saint-Pierre.
Benoît XVI a créé Mgr Zen cardinal en 2006 et l’a choisi pour écrire les méditations des stations papales du chemin de Croix au Colisée en 2008. Sur son blogue personnel, le cardinal Zen publiait le 3 janvier un article intitulé : « En cette heure où le pape Benoît nous a quittés pour le ciel. » Il n’y cache pas sa reconnaissance au pape Benoît XVI pour ce qu’il a fait pour l’Eglise en Chine.
« Tout d’abord, une Lettre (29 juin 2007) qui était un chef-d’œuvre d’équilibre entre la lucidité de la doctrine ecclésiologique catholique et l’humble compréhension de l’autorité civile. (…) Malheureusement, cette Lettre a été quelque peu gâchée : par des erreurs (probablement aussi des manipulations) dans la traduction chinoise et par des citations tendancieuses de la Lettre faites contre son sens évident. »
Le cardinal chinois souligne également « l’établissement d’une Commission puissante pour s’occuper des affaires de l’Eglise en Chine ; malheureusement sous le nouveau Président, cette Commission a été silencieusement poussée à disparaître sans même un mot d’adieu respectueux ».
François reçoit le cardinal chinois en audience privée
Interrogé par le magazine jésuite America, le cardinal Zen a expliqué avoir brièvement salué le souverain pontife dans la sacristie de la basilique Saint-Pierre avant la messe de funérailles, le 5 janvier. Ce dernier l’a invité le lendemain à une audience privée dans la Résidence Sainte-Marthe au Vatican, le conviant dans ses appartements privés.
« C’était merveilleux, il était si chaleureux », a confié le cardinal, qui s’est régulièrement opposé au pape ces dernières années. Il lui reproche principalement la signature de l’accord sur la nomination des évêques en Chine en 2018, qu’il a vécu comme une trahison pour l’Eglise clandestine chinoise.
Lors de sa précédente venue à Rome en 2020, le pape François n’avait pas accepté de recevoir celui qui a critiqué sa stratégie diplomatique vis-à-vis de la Chine communiste. Le cardinal avait alors manifesté sa déception dans les médias. Il a cette fois-ci salué l’accueil chaleureux que lui a réservé le pontife.
Plus récemment, après la publication de Traditionis custodes, le cardinal Zen a aussi été une des rares voix au sein du Collège cardinalice à remettre publiquement en cause le bien-fondé de la réforme liturgique du chef de l’Eglise catholique. Bien que n’appartenant pas au milieu traditionaliste, il lui arrive de célébrer selon la forme ancienne du rite.
Le cardinal Zen n’a pas évoqué ces questions avec America, expliquant avoir profité de cette rencontre avec le pape pour le remercier de la nomination d’un « bon évêque » à Hong Kong, Mgr Stephen Chow – « un jésuite ! », se serait exclamé François. Le cardinal confie avoir aussi expliqué au pape qu’il continuait à travailler comme aumônier dans les prisons malgré son grand âge, contribuant à la conversion de prisonniers, ce qui aurait plu à François.
Le Saint-Père lui a montré dans son appartement une statue de la Vierge du sanctuaire de Sheshan – le plus haut lieu du catholicisme chinois et la ville de naissance de Joseph Zen – que lui avait offert ce dernier après le conclave en 2013. Enfin, le cardinal Zen a été autorisé à se rendre dans les grottes vaticanes – encore fermées au public – afin de pouvoir se recueillir sur la tombe de Benoît XVI.
Cet accueil n’empêche toutefois pas le cardinal Zen de rester critique sur des aspects du pontificat.
Condamné le cardinal fait appel contre le jugement de Pékin
Condamné à payer une amende de 4.000 dollars hongkongais (491 euros) par la justice de Hong Kong le 25 novembre 2022, le cardinal Joseph Zen, a décidé de faire appel le 14 décembre. Le tribunal de Hong Kong l’a reconnu coupable du non-enregistrement du 612 Humanitarian Relief Fund qui venait en aide à des manifestants opposés à Pékin.
Les quatre autres membres du conseil d’administration de l’association font également appel. Ils considèrent que leur association poursuivait un but seulement humanitaire et non politique, les exemptant de s’enregistrer auprès du registre des sociétés, comme le demande une loi récemment adoptée.
En première instance, la juge Ada Yim avait statué que les buts poursuivis par l’association étaient aussi d’ordre politique, soulignant l’engagement de tous les membres dans leur opposition à Pékin.
Quelques jours auparavant, le 10 décembre, Jimmy Lai, magnat catholique des médias pro-démocratie de Hong Kong, a été condamné à une nouvelle peine de prison de cinq ans et neuf mois après avoir été jugé coupable de fraude sur des conditions de bail dans les bureaux de son journal.
Le fondateur – âgé de 75 ans – du journal Apple Daily, aujourd’hui fermé, arrivait au terme de son emprisonnement en décembre 2020, résultant de multiples condamnations pour sa participation à des manifestations pro-démocratie non autorisées. En plus de sa peine de prison, l’ami du cardinal Zen a été condamné à une amende de 2 millions de dollars HK (257 000 $), et il lui est interdit de gérer des sociétés pendant huit ans.
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(Sources : CNA/cath.ch/imedia/ucanews/DICI n°428 – FSSPX.Actualités)
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