Royaume-Uni : Sunday Assembly, pour une « Eglise sans Dieu »

Source: FSSPX Actualités

Une "Sunday Assembly" à Londres.

La première Sunday Assembly (Assemblée dominicale) a vu le jour à Londres, le dimanche 6 janvier 2013, en la fête de l’Epiphanie. Née d’un appel lancé sur Facebook par deux comédiens britanniques Pippa Evans et Sanderson Jones, l’Assemblée dominicale a réuni près de 200 participants dans une ancienne église désaffectée, l’église Saint-Paul à The Nave in Islington.

Depuis, 400 participants se retrouvent deux dimanches par mois au Conway hall, centre londonien de la libre pensée et d’éthique, pour « célébrer la vie » dans une atmosphère « joyeuse et amicale » autour de thèmes existentiels comme la fraternité, l’écoute, le partage, l’intériorité, la réflexion… Aujourd’hui, lit-on sur le site internet de l’organisation, 70 assemblées du dimanche ont vu le jour dans huit pays différents dont la France, les Pays-Bas, les Etats-Unis et l’Australie.

Les deux fondateurs parlent d’une aspiration commune : créer une Eglise totalement séculière, ouverte à chacun, quelles que soient ses croyances. Leur objectif : un réseau mondial de communautés sans Dieu. « Nous construisons des communautés qui aident les gens à vivre leur vie le plus pleinement possible », sans Dieu ni doctrine car « nous sommes nés de nulle part et n’allons nulle part ». Telle est la charte d’un mouvement qui se montre exclusivement philanthropique. Avec un slogan-credo : « vivre mieux, aider souvent, s’émerveiller plus ».

A Londres, ces assemblées dominicales se réunissent le matin, pendant une heure, selon un schéma volontairement émotionnel : on commence par chanter un air de pop anglaise connu de tous. Puis, la comédienne Pippa Evans accueille l’assemblée en présentant la thématique dominicale : guerres et conflits par exemple. Le prédicateur du jour, Mark Vernon, explique l’importance de l’introspection pour prendre conscience de ses déterminismes, ses stéréotypes et ses passions. Car, dit-il, les conflits qui nous entourent et nous désolent prennent leurs racines dans notre microcosme intérieur. On se lève ensuite pour chanter Zombie des Cranberries entonné avec enthousiasme par deux jeunes chanteuses accompagnées de musiciens. Puis on se recueille une minute. Silence suivi d’une quête qui permet de subvenir aux contingences matérielles des organisateurs du nouveau "culte". Et enfin un chant de sortie, suivi de longs bavardages autour d’un tea and biscuits.

La fraternité est capitale pour les habitués des Sunday Assemblies londoniennes : « les chants, l’unité et les moments de recueillement ajoutent une part d’émotion qui ancre plus profondément le discours rationnel ». Véritables pauses dans une vie trépidante au milieu des grandes villes : « Ici, on s’arrête, on médite et ça 'repose' le cerveau ». Célébrer la vie, est le moteur de ces rencontres. Pour cela, les Sunday Assemblies veulent offrir un espace où l’on peut « regarder sa propre existence avec un peu plus de joie et de gentillesse », explique Sanderson Jones aux cheveux longs roux et longue barbe. « Il n’y a pas de valeur religieuse aux Sunday Assemblies. La chose la plus importante c’est que tout le monde est bienvenu, précise Pippa Evans. Quelles que soient nos croyances ou nos opinions, au fond nous sommes tous humains et nous sommes tous connectés.

On a tous besoin de célébrer le fait d’être vivants. Donc on laisse la politique et les opinions à la porte et on célèbre le fait qu’on est tous brillants, et tous ici aujourd’hui. » En abordant le dimanche matin des thématiques existentielles dans un climat fraternel et joyeux, les Sunday Assemblies sont une nouvelle expression d’un athéisme militant proposant une dimension communautaire. – A la racine du malaise dont souffre le monde où nous vivons, il faut placer, comme l’enseigne le pape Pie XI [encyclique Quas Primas, 11 décembre 1925], l’athéisme : les hommes, par un égarement inouï, s’acharnent à nier l’existence de Celui qui les a créés, ou du moins à vivre comme s’il n’existait pas. Ils veulent à tout prix bannir Dieu de leur vie sociale, de leur intelligence, de leur cœur. Mais par ce triple reniement, ils se vouent eux-mêmes à une triple ruine : ils condamnent leur société à des luttes perpétuelles, car la paix entre les hommes est impossible sans la charité, et la charité ne saurait exister en dehors de Dieu ; ils enchaînent leur intelligence dans les ténèbres et les angoisses d’un doute perpétuel, car la Vérité ne fait qu’un avec Dieu ; ils se privent du seul bonheur capable de les satisfaire, du Bien absolu, et se jettent éperdument vers les plaisirs des sens, où ils ne peuvent trouver que la honte, la misère et la dégradation. Pour échapper à de si grands maux, pour rentrer dans le droit chemin, nous voudrions montrer que le genre humain n’a d’autre parti à prendre que d’écouter la voix de son chef et de marcher sur les pas de Celui qui seul est en mesure de lui donner la paix, la lumière, le bonheur. C’est dans ce dessein précisément que l’Eglise offre à nos méditations la fête du Christ-Roi. (Dom Jean de Monléon, Le Christ-Roi)