Russie : les icônes de la discorde

Source: FSSPX Actualités

L’église autocéphale de Moscou exige la restitution du monastère d'Andronikov qui abrite le musée Andrej Roublev, le plus célèbre peintre d’icônes russe. Le but est de lui faire retrouver sa destination primitive, celle d’un monastère cloîtré. Mais dans ce cas, l’accès à certaines des plus belles œuvres de l’art religieux russe serait interdit au public. 

Sous le joug soviétique, grâce au zèle éclairé de quelques responsables russes du ministère de la Culture, il fut possible de préserver le monastère Andronikov de la destruction, en le transformant en un musée d'art russe ancien. 

C’est là que furent exposées les précieuses icônes entreposées dans les sous-sols depuis les années 1930. Menacé de fermeture et de destruction, le monastère d’Andronikov - et son église dédiée au Saint-Sauveur - est devenu, au fil des décennies, le symbole de la résistance à l'athéisme militant.  

Aujourd'hui, cet héritage populaire de la culture russe pourrait devenir inaccessible. 

En effet, après la chute du régime soviétique, le musée avait passé un accord avec le patriarcat afin d’organiser l’utilisation partagée de l’église du Saint-Sauveur. 

Mais au mois de mars 2019, l’église autocéphale a demandé que fût appliquée la loi portant sur les restitutions d'édifices ecclésiastiques, afin d'obtenir la propriété de l'ensemble du complexe architectural. 

Les responsables du prestigieux musée ont alors cherché un compromis avec les autorités religieuses, proposant de restituer une partie seulement des bâtiments, celle où se trouvent pour l’heure les bureaux administratifs. Las, le patriarcat moscovite a décliné toute volonté d’accord. 

Pour mémoire, Andrej Roublev est un moine qui a passé ses années de noviciat à Andronikov, sous la direction de Sergy de Radonezh, refondateur de la spiritualité russe après la période de l’occupation tatare, au XIVe siècle. C’est dans son monastère qu’il a peint les fresques et les icônes qui lui ont assuré la célébrité dans le domaine de l’art sacré. 

Qu’on se rassure néanmoins : si le monastère d’Andronikov devait être fermé au public, l’icône la plus célèbre du maître russe - la Trinité ou Les trois anges à Mambré - sera toujours visible à son lieu d’exposition, la galerie Tretiakov de Moscou.