Saint-Suaire : le point sur la datation au carbone 14
Il y a trente ans, les résultats d’une analyse menée sur le Saint-Suaire à l’aide de la méthode de datation par le carbone 14 laissaient croire que le Linceul était un tissu datant de l’époque médiévale. Ces résultats sont remis en cause par la communauté scientifique qui s’est penchée sur la question les 5 et 6 mai 2018, à Chambéry.
Venus des quatre coins du monde, médecins, physiciens, chimistes, biologistes et historiens se sont retrouvés à Chambéry les 5 et 6 mai 2018, afin de mettre en commun les résultats de leurs recherches sur la datation du Suaire de Turin.
En ligne de mire, le protocole de datation par le carbone 14 effectué sur l’insigne relique entre 1981 et 1988. Le professeur Paolo Di Lazzaro, directeur de recherche au centre ENEA de Frascati, a mis en doute la fiabilité du C14 dans la datation des tissus, car le procédé « présente plus d'incertitudes par rapport aux autres échantillons solides – les os, par exemple – en raison de la plus grande perméabilité de l'échantillon textile aux agents extérieurs telles les bactéries, les moisissures, la saleté ».
« Ce n'est pas une coïncidence », ajoute le professeur Di Lazzaro, « si Beta Analytic, l'une des sociétés les plus renommées pour la datation au C14, se méfie désormais de la fiabilité de la datation tissulaire avec cette technique ».
Beta Analytic affirme, en effet, que « la datation tissulaire ne peut être effectuée que dans le contexte d'une approche pluridisciplinaire », car « les échantillons prélevés sur un tissu traité avec des additifs ou des conservateurs génèrent un faux âge avec la technique du radiocarbone ». Or il est avéré que le Saint-Suaire a été par le passé et à de nombreuses reprises en contact avec différents agents qui ont pu fausser la datation.
Le directeur de recherche d’ENEA s’est également étonné de l’assurance avec laquelle, à l'époque, les trois laboratoires impliqués dans la datation avaient présenté leurs recherches comme une « preuve définitive » de la non authenticité du Saint Suaire. Les termes alors utilisés dans les colonnes de la revue Nature étaient inhabituels et inadéquats, surtout quand on sait combien l’évolution des procédés scientifiques remet souvent en cause ce qui est tenu pour acquis.
Sans parler du fait que les laboratoires en question ont toujours refusé de communiquer les résultats bruts de leurs analyses : « c'est le seul cas à ma connaissance – ajoute Paolo Di Lazzaro – où les auteurs d'un article refusent de fournir des données permettant à d'autres scientifiques de répéter le calcul et de vérifier si cela a été fait correctement ».
Le Linceul de Turin n’a pas fini de passionner la communauté scientifique. Ni de livrer tous ses mystères.
Related links
(Source : Vatican Insider - FSSPX.Actualités - 17/05/2018)