Série d’été : Les pieux établissements de la France en Italie (1)

Source: FSSPX Actualités

Intérieur de l’église de la Trinité-des-Monts

La vocation première de cette institution des « pieux établissements », conformément aux dispositions testamentaires de ses nombreux légataires, est d’entretenir les communautés religieuses qui desservent ses cinq églises (communauté de Saint Louis, couvent et rectorat de la Trinité des Monts, chapellenie nationale de France à Lorette). Première partie : l’église de la Trinité-des-Monts.

L’histoire de l’église et du couvent de la Trinité-des-Monts

L’Ordre des Minimes : 1494-1798

L’église et le couvent de la Trinité-des-Monts furent construits à la demande du roi Charles VIII qui fournit les fonds nécessaires à l’acquisition d’un terrain en 1494, sur le Mont Pincio. Le roi de France voulait ainsi manifester sa gratitude à l’égard de Saint François de Paule, fondateur de l’Ordre des Minimes, pour l’accompagnement spirituel qu’il avait procuré à son père, le roi Louis XI, durant les dernières années de sa vie.

Le 21 février 1495, le Pape Alexandre VI autorisait la construction du couvent et l’installation dans celui-ci des Minimes, uniquement français, selon le vœu de Saint François de Paule. Les travaux de l’église commencèrent en 1502, suivant un style gothique tardif très prisé en France à l’époque et utilisant entre autres des pierres françaises.

En 1527, le domaine fut dévasté par les lansquenets de Charles Quint, mais, après les destructions, d’autres terrains furent achetés et, en 1550, la construction du couvent était achevée.

La consécration du sanctuaire eut lieu le 9 juillet 1594, au terme d’un siècle de travaux. Depuis 1586, l’église est un titre cardinalice. Le 35ème titulaire en est le Cardinal Philippe Barbarin qui en a pris possession le 7 février 2004.

En 1798, du fait de la Révolution Française, les Minimes durent quitter Rome et l’Ordre fut dispersé. Les troupes françaises du Directoire s’installèrent dans le couvent et tous les bâtiments furent saccagés.

Les Sœurs du Sacré-Cœur : 1828-2006

En 1828, la branche française des Minimes ayant disparu, le domaine fut confié, par un accord signé entre le Saint-Siège et la France, à la Société du Sacré-Cœur, congrégation fondée en 1800 par Sainte Madeleine-Sophie Barat et dédiée à l’enseignement et à l’éducation des jeunes filles.

La même année, les religieuses fondèrent l’Institut d’enseignement de la Trinité-des-Monts. Etablissement d’éducation italien où l’enseignement du français est dispensé à tous les niveaux, de la maternelle à la fin du secondaire, l’Ecole compte aujourd’hui 480 élèves inscrits, garçons et filles. Une "Petite Ecole" maternelle française complète le dispositif.

Suite à la dissolution des congrégations religieuses, ordonnée par le nouveau gouvernement italien en 1873, un accord conclu en 1975 entre l’Italie et la France reconnut la propriété de la Trinité-des-Monts à l’administration des fondations religieuses françaises (Pieux Etablissements de la France à Rome et à Lorette).

A l’occasion de l’Année jubilaire de 1975, est fondé l’Institut Saint-Joseph de la Trinité-des-Monts, qui a pour vocation d’accueillir les jeunes pèlerins francophones.

Les Fraternités monastiques de Jérusalem : 2006-2016

Le 1er septembre 2006, les Fraternités monastiques de Jérusalem se sont substituées à la Communauté des Sœurs du Sacré-Cœur.

La Communauté de l’Emmanuel : depuis 2016

Par un avenant en date du 25 juillet 2016 entre l’État Français et le Saint-Siège, le domaine de la Trinité-des-Monts est confié à la Communauté de l’Emmanuel.

L’Eglise de la Trinité-des-Monts est, comme Saint Louis-des-Français, une des églises françaises de Rome. Des messes en français y sont célébrées en particulier le dimanche à 9h30, le mardi et le jeudi à 18h30.

Le Patrimoine artistique de la Trinité-des-Monts

Non est in tota laetior urbe locus - Il n’est pas dans tout Rome d’endroit plus plaisant.

Cette devise, apposée sur la porte de la bibliothèque de la Trinité-des-Monts, souligne bien l’extraordinaire réputation dont jouissait déjà le couvent au XVIIe siècle. Situés aux flancs du Pincio et bâtie sur des fondations antiques de l’église de la Trinité-des-Monts et ses clochers, le couvent et ses terrasses surplombent toute la ville de Rome et s’offrent à la Cité Eternelle.

Reliée à la Place d’Espagne par ses fameux escaliers à volée double (d’origine française malgré leur impropre appellation de “spanische treppe”), construits sur les plans de Francesco de Sanctis à la gloire de la France entre 1723 et 1725, la Trinité-des-Monts constitue un havre de paix, d’art, de savoir et de méditation en plein cœur de Rome.

L’église de la Trinité-des-Monts

Mondialement connue pour sa façade, l’église de la Trinité-des-Monts se distingue, dans le paysage romain parsemé de dômes, par ses deux clochers symétriques, typiquement français. Souvent attribuée à tort à Giacomo della Porta, elle a en fait été réalisée par Annibale Lippi et Gregorio Caronica. Ses clochers et son architecture typique d’inspiration française seront plus tard copiés à Rome.

Elle possède également les deux chefs-d’œuvre d’un des maîtres du maniérisme romain, Daniele Da Volterra : la Déposition de Croix et l’Assomption. Une campagne de restauration a récemment permis de révéler l’étendue du génie de Da Volterra et la beauté de ses toiles.

Le couvent de la Trinité-des-Monts

Le couvent de la Trinité-des-Monts contient de nombreuses œuvres iconographiques des Minimes et de leur fondateur : les anamorphoses, l’astrolabe, la “chambre du perroquet”, la bibliothèque et surtout le réfectoire du Frère Andrea Pozzo, maître du trompe l’œil.

Vue sur Rome depuis la Trinité-des-Monts