Série d’été : Les pieux établissements de la France en Italie (3)
Façade de l’église Saint-Nicolas-des-Lorrains
La vocation première de cette institution, conformément aux dispositions testamentaires de ses nombreux légataires, est d’entretenir les communautés religieuses qui desservent ses cinq églises (communauté de Saint Louis, couvent et rectorat de la Trinité des Monts, chapellenie nationale de France à Lorette). Troisième partie : Saint-Nicolas-des-Lorrains.
L’église Saint-Nicolas-des-Lorrains
Située à Rome derrière la Place Navone, l’église Saint-Nicolas-des-Lorrains fut construite en 1635 grâce à la contribution financière du sculpteur lorrain Nicolas Cordier et au terrain cédé par Grégoire XV en 1622.
Aujourd’hui propriété des Pieux Etablissements de la France à Rome et à Lorette, l’église Saint-Nicolas-des-Lorrains a été restaurée en 2005, dans le cadre d’une convention avec le Ministère de la Culture, et présente de beaux éléments d’art décoratif auxquels ont participé de nombreux artistes lorrains de l’époque ainsi qu’italiens.
Les soutiens financiers apportés par le Conseil Régional de Lorraine ainsi que par l’association des amis de Saint-Nicolas-des-Lorrains, qui a lancé des souscriptions publiques à cet effet, ont constitué une aide précieuse pour la réalisation des travaux de restauration.
L’histoire de la communauté Lorraine à Rome
Fondée en 1508, la Confrérie des Lorrains de Rome ne disposait initialement que d’une chapelle au sein de l’église Saint-Louis-des-Français, financée en partie par Charles III pour l’Etat lorrain. En 1622, la Confrérie obtient du Pape Grégoire XV une vieille église, Saint-Nicolas in Agone, voisine de la place Navone. La bulle Dum ad Sacram du 5 octobre 1622 officialise cette acquisition.
Utilisant les 500 écus que Nicolas Cordier, sculpteur lorrain, avait légué par testament en 1612 à la confrérie en vue d’une hypothétique reconstruction de leur chapelle d’alors, les Lorrains décident en 1635 de reconstruire entièrement l’église Saint-Nicolas. Les travaux sont achevés un an plus tard comme signalé sur la plaque commémorative du mur d’entrée de l’église.
En 1766 le duché de Lorraine est rattaché à la France. Quelques années plus tard, en 1793, l’église Saint-Nicolas-des-Lorrains est intégrée aux Pieux Etablissements de la France à Rome et Lorette nouvellement créés.
Architecture de l’église
L’architecture très simple – une salle rectangulaire, deux chapelles et une coupole – est pensée par le Lorrain François Desjardins, italianisé en Francesco Giardini.
La façade épurée porte l’inscription latine « In Honorem S. Nicolai natio Lotharingorum » rappelant la fière origine lorraine de l’église. Un édifice secondaire a plus tard été ajouté le long du mur gauche entre 1751 et 1759 à l’emplacement de l’ancienne maison du marquis de Cavalieri rachetée en 1729.
Certains artistes lorrains – Charles Mellin enterré dans l’église, Claude Lorrain, Filipo Titi, Nicolas de Bar – léguèrent à l’église leurs tableaux afin de constituer la décoration intérieure. Aujourd’hui seules les œuvres de Nicolas de Bar sont encore visibles : Saint Nicolas, les Trois Enfants et un Prisonnier, les Noces Mystiques de Sainte Catherine d’Alexandrie.
A celles-ci, s’ajoutent en 1730 lors d’une grande rénovation, des œuvres du peintre Francesco Antonozzi Saint Pierre Fourier et la Vierge ainsi que de l’italien Corrado Giaquinto qui dessina les somptueuses fresques, notamment Les Trois vertus Théologales et l’Ange libérant un Prisonnier du mur d’entrée.
A l’occasion du jubilée de 1750, Corrado Giaquinto fut rappelé pour la décoration de deux tableaux d’autel.
L’architecte Pietro Mariotti en profita pour ajouter des bas-reliefs en stuc au dessus des quatre portes, embellir les portes de marbre blanc, revêtir les seize pilastres en marbre jaspé de Sicile et jaune de Sienne.
Giuseppe Silvestri peint les fresques en trompe l’œil sur les voûtes de la nef et de la coupole.
Lorsque les troupes napoléoniennes arrivèrent en 1797, la confrérie des Lorrains fut dissoute. Le trésor de Saint-Nicolas-des-Lorrains fut fondu et intégré au tribu de guerre de Pie VI.
De nombreux tableaux d’origine disparurent de la sacristie à cette époque.
Intérieur de l’église
(Source : Ambassade de France auprès du Saint-Siège – FSSPX.Actualités)
Illustration 1 : © eglisesfrancaisesarome.it
Illustration 2 : Livioandronico2013, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons