Série d’été : Les pieux établissements de la France en Italie (5)
La vocation première de cette institution, conformément aux dispositions testamentaires de ses nombreux légataires, est d’entretenir les communautés religieuses qui desservent ses cinq églises (communauté de Saint Louis, couvent et rectorat de la Trinité des Monts, chapellenie nationale de France à Lorette). Cinquième partie : Saint-Claude des Francs-Comtois de Bourgogne.
Au commencement : le petit oratoire d’une confrérie
Le 19 août 1650, trois Francs-Comtois : Jean Bonnot, prêtre de Salins (Jura), Hippolyte Collot, de Poligny (Jura), docteur ès droits attaché à la Cour de Rome, et Jean Menacard, chanoine de Saint-Maurice de Salins, reçurent, au nom de leurs compatriotes installés à Rome, l’autorisation de se réunir en assemblée.
Dix jours plus tard, « quarante-neuf nationaux de la Franche-Comté de Bourgogne se réunissaient, en vertu d’une autorisation temporaire, dans la chapelle de la Purification des Transalpins ».
Ils y déclaraient vouloir créer à Rome une confrérie nationale sous l’invocation de saint André et de saint Claude, patrons et protecteurs de la Franche-Comté ; ils ajoutaient que cette confrérie, à la fois pieuse et charitable, s’efforcerait de trouver des ressources pour ouvrir une église et ensuite pour fonder un hôpital à l’usage exclusif des indigents de la Franche-Comté qui se trouveraient à Rome.
Dans une seconde assemblée, tenue à Saint-Yves des Bretons le 4 novembre 1650, les nationaux de la Franche-Comté, au nombre de 156, constituèrent des procureurs pour l’acquisition, aux frais de leur groupe national, d’un oratoire destiné aux exercices de la confrérie qu’ils projetaient d’établir.
Ces mandataires firent choix d’une petite église que les Bernardins réformés de la province de Piémont possédaient sur la vieille place de Saint-Silvestre et que ces religieux consentaient à aliéner. Cet oratoire fut d’abord loué, et le groupe s’y réunit pour recevoir notification d’un acte du 7 mai 1652 qui donnait l’institution canonique à la confrérie de Saint-Claude.
Il fut arrêté que la confrérie se recruterait uniquement parmi les nationaux de la Franche-Comté et parmi les enfants mâles desdits nationaux ou citoyens résidant à Rome. On ne tarda pas cependant à faire appel en faveur de l’œuvre aux Comtois qui habitaient Naples, et l’un deux, Claude François de Lallemand, baron de Lavigney, fut accrédité pour recevoir les offrandes destinées à la confrérie.
L’oratoire de la vieille place de Saint-Silvestre fut acquis le 3 avril 1656. L’autorisation d’y recevoir des sépultures fut obtenue le 28 juin 1659. Dans le même temps, la confrérie acheta trois maisons contiguës à son église et entreprit la réédification de l’une d’elles. Ces maisons permettront la construction d’un hôpital, autorisée en 1663.
La dotation de l’asile avait été assurée par François Henry, originaire de Montarlot-les-Champlitte (Haute-Saône) et installé depuis plusieurs années à Rome, grâce à un important legs contenu dans le testament rédigé par ce bienfaiteur le 26.01.1654.
Tous les Francs-Comtois arrivant à Rome étaient reçus gratuitement à l’hospice fondé à leur intention. Au-dessus de la petite porte constellée de clous de l’établissement, cédé ensuite à l’hôpital, on pouvait encore lire, à la fin du XIXe siècle, l’inscription HOSPITIO PER. LI. POVERI PELLEGRINI BORGOGNONI CONTE : Hospice pour les pauvres pèlerins du comté de Bourgogne.
L’église de Saint-Claude des Francs-Comtois de Bourgogne
L’église de Saint-Claude des Francs-Comtois de Bourgogne a été construite entre 1728 et 1731 sous la direction de l’architecte Antoine Dérizet. Elle a remplacé l’oratoire préexistant.
L’église des Francs-Comtois à Rome, placée sous le double patronage de saint André et de saint Claude, est plus connue sous le simple nom de Saint-Claude des Bourguignons. Sur sa frise, on peut lire l’inscription suivante : COMITATUS BURGUND. SS. ANDREÆ AP. ET CLAUDIO EP. NATIO DIC – Le peuple du Comté de Bourgogne a dédié cette église à saint André, apôtre, et à saint Claude, évêque.
Après la conquête de la Franche-Comté par les troupes de Louis XIV, l’église était administrée par le curé de Saint-Louis des Français et on y avait apposée l’inscription QUICUMQUE ORAVERIT PRO REGE FRANCIÆ HABET DECEM DIES DE INDULGENTIA, A PAPA INNOCENT. IV : Quiconque prie pour le roi de France obtient dix jours d’indulgence accordés par le pape Innocent IV.
En 1793, l’église de Saint-Claude et sa Confrérie ont été regroupées, avec les autres églises nationales dépendant de la France (Saint-Nicolas des Lorrains, Saint-Yves des Bretons et Saint-Louis des Français) et le couvent royal de la Trinité des Monts, au sein des Pieux Etablissements de la France à Rome et à Lorette.
Une convention conclue en 1886 entre la France et le Saint-Siège a confié l’usage de cette église aux Pères du Saint-Sacrement.
L’affectation de certains des biens des Pieux établissements de la France à Rome, comme l’ensemble conventuel de la Trinité des Monts et l’église de Saint Claude des Francs-Comtois de Bourgogne, fait l’objet d’accords internationaux bilatéraux entre la France et le Saint Siège.
Le dernier règlement de cette fondation, du 25 août 1956, a été approuvé par un bref du Pape Pie XII, en date du 8 septembre 1956. Leur administrateur actuel est le Père Bernard Ardura.
(Sources : Ambassade de France/Jean-Marie Thiébaud – FSSPX.Actualités)
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Illustration 2 : Livioandronico2013, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons