Sérieuses inquiétudes pour la santé du pape
Lors de son voyage en Slovaquie à la mi-septembre, Jean-Paul II est apparu extrêmement fatigué. A son arrivée à laéroport international de Bratislava, une vingtaine de minutes ont été nécessaires pour quil puisse être installé, avec laide de quatre personnes, sur lascenseur lui permettant de descendre de lavion. Une fois sur le tarmac, Jean-Paul II sest rendu devant le hall daccueil de laéroport, assis sur un fauteuil monté lui-même sur une plate-forme mobile.
Au moment de léchange des discours, le pape a dû sarrêter après le premier paragraphe, essoufflé et ne pouvant plus articuler suffisamment. Son secrétaire particulier, Mgr Stanislaw Dziwisz, lui a retiré le texte pour le donner à un jeune prélat slovaque du Vatican. Jean-Paul II a repris son discours pour lire le dernier paragraphe avec, cependant, toujours autant de difficultés. - Un des membres de lentourage de Jean-Paul II a indiqué à lagence Apic que tout projet de voyage avait été pour le moment "suspendu" ; en ajoutant : "nous ne pouvons rien cacher, tout le monde voit et sent bien que la santé du pape est fortement déclinante depuis quelques mois".
Le mercredi 24 septembre, en raison de "troubles intestinaux", le Saint-Père na pas pu assurer laudience générale. Cétait le secrétaire dEtat, le cardinal Sodano, qui était assis à sa place, face aux milliers de pèlerins dans laula Paul VI, et qui a lu lallocution prévue.
Le docteur Christine Tranchant, neurologue au CHU de Strasbourg, interrogé dans La Croix du 18 septembre, rappelait les symptômes du mal dont souffre Jean-Paul II : " La maladie de Parkinson est une maladie dégénérative du système nerveux, qui est à lorigine dun certain nombre de symptômes moteurs. Classiquement, il y a trois signes principaux de la maladie. Le premier est un tremblement dit de repos, qui se manifeste même lorsque la personne est immobile. Le deuxième signe est une akinésie, cest-à-dire un ralentissement dans les mouvements. Ce nest pas une paralysie vraie, mais la personne a des difficultés pour effectuer certains gestes. Enfin, le patient peut présenter une raideur musculaire, qui se voit moins mais qui peut contribuer à sa gêne fonctionnelle. Ces trois signes, classiques chez un patient atteint de la maladie de Parkinson, saggravent avec le temps et peuvent entraîner une perte de lautonomie".
A la question de savoir sil peut y avoir une perte des fonctions intellectuelles : "Certains patients, notamment les très âgés, peuvent présenter une atteinte des fonctions intellectuelles. Mais cette atteinte reste en général très modérée et na rien à voir avec ce quon peut connaître par exemple avec la maladie dAlzheimer. Il faut bien dissocier lapparence dun patient et son état intellectuel. Une personne atteinte de Parkinson peut avoir du mal à sexprimer du fait de la maladie, tout en ayant des capacités intellectuelles intactes". Et sur lefficacité du traitement : "Il existe aujourdhui des médicaments qui permettent daméliorer certains symptômes de la maladie mais sans ralentir son évolution. Ces traitements, qui doivent être pris de manière quotidienne, ont une efficacité qui généralement diminue avec le temps. Résultat : le patient est souvent obligé daugmenter les prises de ces médicaments qui peuvent avoir certains effets secondaires, notamment des mouvements anormaux."
Le docteur Patrick Métais, chef du département de gériatrie de lhôpital de Neuilly-Courbevoie, a précisé dans La Croix du 25 septembre : "A ce stade de la maladie, les médicaments nont en général plus guère deffet. Aujourdhui, il est évident que son entourage médical doit avoir les plus grandes difficultés pour trouver un équilibre thérapeutique."