Sri Lanka : la face cachée des attentats

Source: FSSPX Actualités

Le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, a publiquement rendu responsables les autorités srilankaises de ne pas avoir fait leur possible pour empêcher la série d’attentats qui a endeuillé l’île, faisant 253 morts selon un bilan provisoire. Depuis, les principaux chefs de la sécurité du pays ont été limogés. La revendication des massacres par l’organisation Etat islamique met en lumière la nouvelle stratégie mondiale des djihadistes au lendemain de la perte de leur califat. 

« Nous avons appris que toutes ces morts auraient pu être évitées : pourquoi n’a-t-on rien fait pour empêcher cela ? » L’archevêque de Colombo - l’autorité religieuse la plus estimée du pays - a fait éclater sa colère le 23 avril 2019, dénonçant « un comportement absolument inacceptable de la part de hauts responsables du gouvernement ». 

Au lendemain de l’attentat meurtrier dont le bilan est actuellement de 253 morts et 500 blessés, l’indignation est vive au Sri Lanka, depuis que la presse a publié une note des services de renseignement datée du 11 avril précédent, avertissant qu’une organisation islamique projetait des « attentats-suicides contre d’importantes églises catholiques et l’ambassade d’Inde ». 

Les rivalités entre le Premier ministre, Ranil Wickremesinghe, et le chef de l’Etat Maithripala Sirisena, ainsi que le contexte électoral - des élections doivent se tenir fin 2019 - expliqueraient ce tragique dysfonctionnement. 

La presse srilankaise ne s’y est d’ailleurs pas trompée : « la volonté d’affaiblir un rival politique a compromis la sécurité du pays », déplore le quotidien local Daily Mirror dans son édition du 23 avril. 

« Si j’avais été mis au courant du risque d’attentat, j’aurais supprimé les messes du dimanche de Pâques », ajoute le cardinal Malcolm Ranjith qui prévient le clergé et les fidèles : « les forces de sécurité n'ont pas encore réglé la situation à l’heure où je vous parle ; il pourrait y avoir d’autres attaques (…). Je demande aux prêtres de ne plus célébrer aucun office dans leurs églises avant que je n’en donne la permission ». 

Pour calmer la colère populaire, les chefs des principaux organes de sécurité du pays ont d’ores et déjà été limogés, et une commission d’enquête dirigée par un juge de la Cour suprême va être formée dans le but de faire toute la lumière. 

Il faut souligner ici que les attentats qui ont endeuillé la minorité catholique srilankaise montrent la nouvelle stratégie de l’organisation Etat islamique (EI) qui a revendiqué ces massacres.

Depuis la perte de son califat, après la chute de Baghouz en Syrie, l’EI se projette désormais à travers ses réseaux périphériques en Asie, dans les pays du Golfe, en Afrique, qui sont comme les métastases d’une tumeur cancéreuse. Jusqu’en Europe - et notamment en France - où les services de sécurité redoutent les « revenants » de Syrie et d’Irak, dont l’expérience terroriste pourrait être d’un secours précieux aux réseaux intérieurs, en vue de futurs attentats. 

C’est aussi parce que ces « métastases » de l’EI sont à pied d’œuvre en Afrique où se joue en 2019 la sécurité intérieure de l’Etat français, que ce dernier soutient aussi discrètement qu’efficacement des hommes, qui - à l’instar du général Haftar en Libye - ont fait de l’éradication des djihadistes leur priorité. 

Les catholiques du Sri Lanka peuvent nous sembler bien loin, à quelque 8 500 kilomètres de Paris, mais la barbarie djihadiste qui les a frappés, elle, est déjà dans nos murs.