Suisse : « 1 Suisse sur 5 n’a pas d’appartenance religieuse »

Le 19 juin 2012, l’Office fédéral de la statistique (OFS) a publié le relevé structurel du recensement fédéral de la population suisse en 2010, 10 ans après le dernier relevé réalisé en 2000. Les données du paysage religieux de la Suisse révèle que, fin 2010, 38,8% de la population appartient à l’Eglise catholique romaine et 30,9% à la Réforme évangélique, 4,5% à des communautés musulmanes et 0,2% à des communautés juives.
La part des personnes sans appartenance religieuse atteint 20,1% contre 11,2% en 2000, soit +8,9%. Les catholiques ont régressé de 3,7% et les évangéliques de 3,2% ; alors que les musulmans ont progressé de 0,9%. Le 20 juin 2012 l’Institut gfs-zürich a publié une enquête sur les sorties d’Eglise en Suisse de langue allemande (Suisse alémanique et Suisse romande) réalisée entre le 26 mars et le 14 avril 2012, par téléphone, auprès de 1.000 personnes. Près de 21% des membres des communautés catholiques et réformées pensent à quitter leur Eglise : un taux en baisse depuis 2010, où 27% des sondés pensaient alors sérieusement quitter leur communauté. Par ailleurs, environ 15% des sondés déclarent à peine penser à un départ, contre 9% en 2010. Dans l’Eglise catholique, les personnes possédant une formation supérieure sont les plus nombreuses à songer à quitter l’Eglise (29%). Chez les protestants, ce sont les personnes moins formées (29,7%) et les jeunes (26,7%) qui y pensent le plus. Les Suisses alémaniques sont plus nombreux à envisager un départ que les Romands. Parmi les personnes ayant déjà quitté leur Eglise, seulement une personne sur dix déclare pouvoir imaginer y retourner un jour. L’étude menée par Peter Spichiger-Carlsson relève que le diocèse de Coire enregistre le nombre le plus élevé de catholiques qui ont quitté l’Eglise ces cinq dernières années et affirme que cette vague de sorties s’expliquerait « par un problème spécifiquement lié au diocèse local ». Car la religiosité des catholiques du diocèse de Coire n’est pas moindre que dans les autres régions du pays et cette différence, assure-t-il, ne se retrouve pas chez les protestants.
L’évêché de Coire a fermement remis en question l’étude de l’Institut gfs-zürich, dans un communiqué publié le 21 juin. En effet, les communautés réformées cantonales sont « affectées depuis des années et dans une proportion au moins similaire par le phénomène des sorties », rappelle-t-il en regrettant que le fait ne soit pas mentionné. Par conséquent ce phénomène multiconfessionnel demanderait « une recherche plus approfondie des causes ». Le système des impôts en Suisse (où la mention de la religion du contribuable entraîne le versement d’un impôt à son Eglise ou sa communauté, NDLR) pourraient constituer « un motif possible » des sorties d’Eglise. « Les Eglises libres et autres groupes chrétiens sans systèmes d’impôts connaissent un afflux de membres », précise l’évêché de Coire.
Dans le même temps, Mgr Vitus Huonder, évêque de Coire, considère l’évolution actuelle comme « une transformation vers une ‘chrétienté délibérément décisionnelle’ » qui aidera à ce que ces « décisions délibérées soient fondées sur une bonne information. » Cela exige la clarté sur ce qu’est l’enseignement de l’Eglise catholique romaine. « L’évêque n’est pas prêt à taire les positions de l’Eglise qui pourraient être gênantes pour certains simplement pour qu’ils continuent à payer leurs impôts », souligne le communiqué. C’est pourquoi la pastorale de l’évêque de Coire « est fondée sur la foi catholique traditionnelle » et une communication catholique claire, de nombreux aspects de la foi catholiques étant inconnus des contemporains, poursuit le texte. « Les dix commandements n'ont jamais été très aimés, mais ils font partie de l'essence de la doctrine chrétienne. Si l'Eglise catholique se mettait à suivre les tendances de la société, elle ne serait plus que d'un catholicisme relatif », avait expliqué Mgr Huonder dans sa lettre pastorale de carême (2012) qui rappelait que « les divorcés remariés, à cause de leur décision de conclure une nouvelle alliance, se mettent dans une situation qui rend impossible la réception des sacrements ».
(Sources : bfs/ap/apic/bistum-chur/gfs – DICI n°259 du 10/08/12)