Suisse : la foi et la pratique religieuse toujours sur le déclin

Source: FSSPX Actualités

L’Office fédéral de la statistique, organisme de la Confédération suisse, a publié le lundi 23 juin 2025 sa dernière livraison sur la « Religion et la spiritualité en Suisse », portant sur l’année 2023. Il contient le résultat d’un enquête sur la langue, la religion et la culture en 2024. Les chiffres confirment le recul de la foi catholique et la prépondérance des “sans religion” dans le pays.

La Suisse devient un pays de plus en plus séparé de la religion, de toute religion. Ces 50 dernières années, la part de la population sans appartenance religieuse n’a cessé d’augmenter, au détriment en particulier de l’Eglise catholique et des communautés évangéliques qui occupaient la plus grande place dans le paysage religieux de la Suisse.

Il y a 100 ans, en 1920, les réformés formaient 57,5% de la population de la Confédération helvétique, et les catholiques étaient 40,9%. En 1980, les réformés avaient commencé à décroître : ils étaient recensés à 45,3% de la population, alors que les catholiques avaient augmenté, passant à 46,2%, dépassant pour la première fois les protestants.

En 1990, les protestants descendaient à 39,6%, alors que le catholicisme se maintenait à 46,2%. En 2000, les réformés étaient descendus à 33,9% et les catholiques amorçaient leur décroissance et diminuaient à 42,3%. En 2010, les protestants n’étaient plus qu’à 28% et les catholiques à 38,6%. En 2023, les protestants sont passés à 19%, les catholiques à 31% et les sans religion à 36%.

Cette même année 2023, les musulmans représentent 6% de la population suisse. Les communautés chrétiennes autres que les protestants et les catholiques – tels les catholiques-chrétiens ou vieux-catholiques – représentent 5,7% ; les communautés hindouistes, 0,6% ; les communautés bouddhistes, 0,5% ; les communautés juives, 0,2%.

Les cantons du sud et de l’est de la Suisse sont à majorité catholique : Appenzell Rhodes Extérieures a le taux le plus élevé (69,3%), suivi du canton d’Uri (69,2%), le trio de tête est complété par le Valais (61,9%). Plusieurs cantons dépassent les 50% : Obwald (58,9%), Jura (58,5%), Tessin (56,4%), Nidwald (55,3%), Fribourg (51,2%), Schwyz (51,1%), Lucerne (51%).

Zoug (42,8%), Saint-Gall (37,7%) et les Grisons (37,3%) ont également une majorité catholique. Mais nombre de ces cantons sont de taille modeste ou sont peu peuplés. Seuls trois cantons ont une majorité protestante : Berne (42,2%), Appenzell Rhodes Extérieures (33, 5%) et Glaris (29,1%).

C’est dans les cantons de l’ouest et du nord que les “sans religion” sont majoritaires. Ce sont d’anciens cantons à majorité protestante : Bâle Ville (56,5%), Neufchâtel (54,7%), Genève (47,2%), Vaud (41,6%), Soleure (41,3%), Zurich (39,5%), Bâle Campagne (38,9%), Argovie (38,1%), Schaffhouse (34,4%) et Thurgovie (31,8%). Mais la population de ces cantons réunit 57,3% des Suisses.

La pratique dominicale des catholiques suisses est de 9,4%. Il faut ajouter 16,6 % qui vont à la messe une fois par mois. Environ la moitié pratique d’une à onze fois par an, et 30% sont non pratiquants. Chez les réformés, la pratique est encore plus faible. Sans surprise, c’est chez les musulmans (20,1%), mais surtout dans les autres communautés chrétiennes (30,3%) que la pratique est la plus élevée.

Mais ces chiffres ne disent pas tout. Une statistique reste assez stupéfiante : 38% des Suisses croient en un Dieu unique, 21% en une sorte de puissance supérieure, 20% ne savent pas si Dieu existe, 19% sont athées et 2% croient en plusieurs dieux. Autrement dit, sur les plus de 45% de « chrétiens » (catholiques, protestants, autres chrétiens), 7% ne croient pas en Dieu !

Et si l’on creusait plus à fond dans les croyances, le résultat serait notablement différent : nombre de catholiques – et de protestants – ne pourraient plus recevoir cette qualification.

Ainsi, lentement mais sûrement, la société catholique suisse plonge dans une apostasie silencieuse, et, pour l’ensemble de la population, dans une indifférence religieuse profonde. Et ce n’est pas la synodalité, très suivie par les évêques suisses, qui pourra résoudre le problème, bien au contraire.