Suisse : les stalles de l’abbaye d’Hauterive restaurées
Un panneau des stalles
Entamée en 2021, la restauration de l’église Sainte-Marie de l’abbaye cistercienne d’Hauterive s’achèvera en 2025. Les artisans fribourgeois ont restauré les façades extérieures de l’église et son clocher en tavillon durant les mois derniers. La prochaine étape concernera les vitraux, pour laquelle une commission spécialisée doit être mise sur pied.
La restauration des stalles en bois de chêne est en phase d’achèvement. Les investigations réalisées lors de leur dépose ont mis au jour des décors peints, des arabesques typiques de la Renaissance. On n’en connaît pas d’autre exemple en Suisse et en Europe.
Les stalles ont traversé un demi-millénaire sans être déplacées, mais deux assises ont été supprimées, à l’époque baroque probablement. La restauration permettra de renforcer la structure portante, fragilisée par la pourriture sèche. Les stalles pourront retrouver leur place vers la fin de l’année 2024.
« Quand je touche ces pièces exceptionnelles, j’ai un grand respect pour le bûcheron qui a abattu et taillé ce chêne à l’hiver 1478-1479 et pour les artisans qui l’ont sculpté vers 1482 », confie Aurélien Chenaux attaché depuis plus de deux ans à la restauration des stalles de l’abbaye d’Hauterive.
Le démontage des 54 stalles a commencé avec le maître ébéniste Jean-Pierre Rossier, fin 2021 : « Tout est assemblé comme un jeu de construction avec des entailles, rainures, tenons et mortaises, sans clou. » Soigneusement numérotée et étiquetée, chaque pièce a subi un nettoyage à la vapeur et au chiffon, et parfois au solvant.
L’étape suivante consiste à faire les réparations qui s’imposent : recoller une fissure, restituer un élément de sculpture abîmé, remplacer une pièce de bois trop rongée. Toujours avec les outils traditionnels : la scie, le rabot, la gouge à sculpter et la colle de poisson. Les marques du temps sont respectées. On trouve ça et là les brûlures de la bougie d’un moine qui avait dû s’endormir à l’office.
« Au cours de l’ensemble du processus, je tiens chaque élément cinq ou six fois en main, et je découvre chaque fois de nouveaux détails », s’enthousiasme Aurélien Chenaux. « Ici les repères taillés par le sculpteur pour tracer son lobe, là la marque du ciseau dans un feuillage, là encore un signe d’assemblage. Tout est taillé dans la masse, il n’y a pas d’éléments rapportés. On peut déceler aussi la main de plusieurs sculpteurs. »
Avant d’être réinstallées à Hauterive, une partie des stalles font une halte cet été au Musée d’Art et d’Histoire de Fribourg, jusqu’au 1er septembre 2024. L’occasion de voir la finesse de leur exécution et d’approcher le travail de restauration.
« Les stalles ont été le point de cristallisation du chantier de restauration de l’église abbatiale d’Hauterive », explique Stanislas Rück, chef du service des biens culturels du canton de Fribourg.
L’abbaye d’Hauterive a été fondée en 1138, dans un méandre de la Sarine, par le seigneur des lieux Guillaume de Glâne. Venue de Cherlieu, dans le Jura français, une communauté cistercienne s’y est installée. L’église, construite entre 1150 et 1160, est un bel exemple d’architecture médiévale.
De fondations romanes, elle possède un chœur gothique du XIVe siècle. Les stalles en chêne du XVe siècle ont été sculptées par Antoine de Peney. Elles présentent, en alternance, des prophètes et des apôtres. La grande verrière du chœur est en partie d’époque gothique. Elle a été remontée lors de la restauration du début du XXe siècle.
Une vidéo pour découvrir les stalles :
(Sources : cath.ch/Abbaye d’Hauterive/DICI n°447 – FSSPX.Actualités)
Illustration : © Muséoscope - Etat de Fribourg