Suisse : Signature de la Charta Œcumenica
C’est en la collégiale St-Ursanne, dans le Jura, que les représentants des dix Eglises membres de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes de Suisse ont signé la Charte œcuménique européenne, le 23 janvier.
La Charta Œcumenica avait été signée à Strasbourg en avril 2001 par les présidents de la Conférence des Eglises européennes (orthodoxes et protestantes) et du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (catholiques). D’après Mgr Kurt Koch, évêque de Bâle, cette "signature (en Suisse) représente un jalon sur la voie de la communauté œcuménique en Suisse, même si nous sommes encore loin du but qui est l’unité visible des chrétiens; mais les Eglises chrétiennes renouvellent leur engagement à agir dans ce sens."
Les signataires sont tous membres de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse (CTEC), fondée en 1971. "Son but est de témoigner de l’unité des Églises fondées et vivant en Jésus-Christ, de servir à l’accomplissement de leur mission et d’encourager la collaboration entre chrétiens" (article 1 des statuts). Elle compte actuellement dix Eglises membres : la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, l’Eglise catholique romaine, l’Eglise catholique-chrétienne, l’Eglise évangélique méthodiste, l’Alliance des paroisses baptistes, l’Armée du salut, l’Alliance des Eglises évangéliques luthériennes, le Diocèse orthodoxe de Suisse du patriarchat œcuménique de Constantinople, la Représentation de l’Eglise orthodoxe serbe en Suisse et l’Eglise anglicane. - La signature a été retransmise en direct sur les trois chaînes nationales.
"La Charte est un engagement commun en vue d’une collaboration croissante entre les Eglises en Europe. Cette collaboration n’est pas à inventer: elle existe, elle résiste, elle se fait plus étroite malgré les difficultés qui renaissent ou persistent", a affirmé lors dans une courte allocution Mgr Amédée Grab, président de la Conférence des évêques suisses. "L’unité visible et complète - qui ne sera pas l’uniformité totale - ne peut que nous être donnée. Il faut donc la demander. Mais il faut aussi nous mettre à son service", a poursuivi l’évêque de Coire. "Les médias nous ont rappelé, à la veille de Noël, que les Eglises reconnues fondent comme neige au soleil, ou en tout cas doivent se remettre en question. Nous y sommes prêts, non pas pour sauver nos effectifs, mais pour que le message soit entendu, colle à la vie, réponde aux peurs et attentes. Et pour que la volonté de Dieu soit faite", a ajouté Mgr Grab, concluant : "Les Eglises et communautés chrétiennes, quel que soit leur statut juridique, présentes ou non au sein de la Communauté de travail, bâtissent, chacune selon sa vocation, la maison que Dieu construit sur le seul fondement en place : Jésus-Christ".
Le pasteur Thomas Wipf, président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, a introduit la signature du document en rappelant que "de nombreuses formes de collaboration œcuménique ont déjà fait leurs preuves". "Mais nous ne devons pas simplement en rester là. Nous voulons être fidèles à la prière de Jésus: il prie son Père pour que ses disciples soient un, afin que le monde croie", a-t-il ajouté. Selon lui, "les Eglises n’ont plus à justifier pourquoi elles agissent en commun, mais elle ont à expliquer pourquoi elle prennent des chemins particuliers".
Par cet acte, les signataires s’engagent selon les termes de la Charte à persévérer dans "une compréhension commune de la Bonne Nouvelle du salut en Christ dans l’Évangile" et à "travailler à l’unité visible de l’Eglise de Jésus-Christ dans l’unique foi, qui trouve son expression dans un baptême réciproquement reconnu et dans la communion eucharistique, tout comme dans le témoignage et le service". Elles reconnaissent que "toute personne peut choisir son engagement religieux et ecclésial dans la liberté de sa conscience". Ainsi, selon le texte de la charte, "personne ne doit être poussé à se convertir par pression morale ou incitations matérielles. De même, personne ne doit être empêché de se convertir selon sa libre décision". Les Eglises s’engagent ensuite "à favoriser une ouverture œcuménique et la coopération dans l’éducation chrétienne, dans la formation théologique initiale et continue, de même que dans la recherche", à "agir ensemble à tous les niveaux de la vie de l’Eglise, là où les conditions le permettent, et où des motifs de foi ou de plus grande convenance ne s’y opposent pas" et à "défendre les droits des minorités et à aider à réduire, dans nos pays, les incompréhensions et les préjugés entre les Églises majoritaires et minoritaires".
Les signataires veulent également "tendre vers le but de la communion eucharistique". Ils souhaitent s’opposer "à toute tentative d’abuser de la religion et de l’Eglise à des fins ethniques et nationalistes". Au niveau social, ils s’engagent à "promouvoir le développement d’un style de vie à l’encontre des pressions économiques et consuméristes".
Les Eglises chrétiennes combattront "toutes les formes d’antisémitisme" et travailleront "avec des musulmans à des objectifs communs". Elles s’engagent "à être ouvertes à un dialogue avec tous les hommes de bonne volonté, à poursuive avec eux des objectifs communs et à porter auprès d’eux un témoignage de foi chrétienne".
L’évêque catholique-chrétien Fritz-René Müller a conclu la célébration en demandant à Dieu: "Fais en sorte que tous ceux qui se réclament du Christ trouvent l’unité. Brise les murs qui nous séparent et protège-nous de ce qui fait obstacle à la paix. Seigneur, nous t’en prions. Que vienne le jour où il n’y aura qu’un seul troupeau et un seul pasteur", avant d’inviter ses confrères des autres Eglises à prononcer la bénédiction finale commune.