Suisse : Un théologien sanctionné par Rome et embauché à Bâle
Le franciscain Josef Imbach, suspendu de son enseignement à Rome, sera responsable du cours de théologie catholique à la Faculté de théologie réformée de Bâle. Ce nouveau poste du P. Imbach, âgé de 59 ans, a été annoncé, le 9 février, par la radio suisse sur Internet kath.ch.
Ce théologien avait été suspendu en février 2002 de son enseignement à la Faculté de théologie pontificale Saint-Bonaventure à Rome, à cause de son livre intitulé Wunder, eine existentielle Auslegung (Miracle, une interprétation existentielle), - qui mettrait en doute l’historicité des faits rapportés par le Nouveau Testament, ainsi que la divinité de Jésus-Christ.
Un groupe d’action mené par le théologien bâlois Xavier Pfister a récolté 53.000 francs suisses pour financer l’engagement du P. Imbach. Parmi les personnes ayant répondu positivement à cette souscription se trouve le théologien contestataire Hans Küng. Cette action est considérée par ses initiateurs comme une "protestation créative" contre la suspension du théologien par la curie romaine.
En outre, la Fondation Herbert-Haag à Lucerne a remis, le 11 février, son prix "Pour la liberté dans l’Eglise" au Père Josef Imbach pour son "engagement courageux et intelligent en faveur d’une catholicité ouverte sans œillères ". Dans son dernier livre "La croyance au pouvoir et le pouvoir de la croyance - De quoi l’Eglise est malade aujourd’hui", le religieux décrit les mécanismes du pouvoir au sein de l’Eglise catholique et met le doigt sur ses "structures insupportablement autoritaires".
Parmi les autres lauréats du Prix de la Fondation Herbert-Haag 2005 doté de 15.000 francs suisses on trouve le Synode catholique-romain de Lucerne. Ce dernier avait réclamé en novembre 2003 par 73 voix contre 8 l’abolition du célibat sacerdotal obligatoire et l’accès des femmes au sacerdoce. Dans un message adressé à la Conférence des évêques suisses, le synode demandait aussi la réhabilitation des prêtres dispensés des obligations liées à leur sacerdoce pour avoir renoncé au célibat. La récompense a été remise à la présidente du parlement ecclésiastique lucernois, Bernadette Rüegsegger-Eberli, et à Paula Beck-Steiger qui avait pris l’initiative de cette "Déclaration de Lucerne".
Autre lauréat 2005, le théologien et travailleur de rue, Sepp Riedener, âgé de 61 ans, qui œuvre depuis trente ans dans le cadre de l’association Verein Gassenarbeit Luzern pour une politique de la drogue conforme à la dignité de l’homme. Cette "voix des sans voix" milite pour une Eglise libératrice. Son action est soutenue "de façon oecuménique exemplaire" par les communautés catholique, réformée et catholique-chrétienne. Sepp Riedener est un ancien prêtre, maintenant marié et père de quatre enfants.
Le Prix "Pour la liberté dans l’Eglise" est remis depuis 1985 par la fondation créée par le théologien franciscain Herbert Haag connu pour ses thèses progressistes. Il fut professeur d’Ancien Testament à la Faculté de théologie de l’Université de Tübingen, en Allemagne, de 1960 à 1980. Il est décédé en août 2001, à l’âge de 86 ans.