Suppression de l’USAID : de quoi s’agit-il en fait ?

Le logo de l'USAID
Le gouvernement de Donald Trump a annoncé le démantèlement de l’USAID (United States Agency for International Development, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international). Cette annonce a créé un vent de panique dans de très nombreuses structures engagées dans divers programmes de développement.
Ainsi, rapporte le site helvétique cath.ch, le 13 février 2025 un message a été confié au Conseil fédéral suisse par Caritas Suisse (catholique), Action de Carême (catholique), l’EPER (protestante), l’Eglise évangélique réformée de Suisse et la Conférence des évêques de Suisse, avertissant que cette suppression allait mettre en péril d’innombrables programmes d’aide humanitaire d’urgence.
Et de rappeler que des campagnes sanitaires mondiales ont permis de combattre efficacement un grand nombre de maladies, comme le VIH, Ebola et le paludisme, et de réduire significativement, ces dernières décennies, le nombre de décès qu’elles provoquaient. Ces aides permettent d’assurer des services de base vitaux ainsi que l’accès à l’éducation pour des millions d’enfants.
Tout cela est vrai, mais très partiel. Car l’USAID n’est pas une simple agence de développement à but caritatif, mais une véritable agence d’influence américaine dans le monde.
L’USAID en toute vérité
M. Gregor Puppinck, directeur du Centre européen pour la loi et la justice (ECLJ) qui a consacré plusieurs travaux à l’OMS et à ses objectifs de promotion de l’avortement et du contrôle démographique, a donné un entretien documenté et précis sur la réalité de l’USAID. En voici les lignes principales.
Cette agence américaine bénéficie actuellement d’un budget de 50 milliards de dollars par an. Un chiffre à comparer au budget de l’ensemble des agences de renseignement américaines qui est de 72 milliards par an. La CIA ne possède pas un budget aussi élevé que l’USAID.
L’Agence a été fondée dans les années 60 pour servir de levier d’influence dans le monde entier par le financement de projets. Mais l’aide est toujours conditionnée à l’adoption de politiques nationales et jamais gratuite. L’agence pose ses conditions qui - selon les époques - évoluent.
Dans les années 60, les conditions étaient relatives au contrôle démographique : c’est ainsi que la limitation des naissances a été promue au Nigéria, au Pakistan ou encore au Pérou : 314 000 femmes péruviennes ont été stérilisées dans les années 90 avec l’argent de l’USAID. Des stérilisations ont été mises en œuvre en Tunisie, par un médecin français, le Dr Pierre Simon. Au Vietnam…
Aujourd’hui, les conditions sont plutôt relatives à la promotion du féminisme, de la culture woke, des questions LGBT. Les priorités américaines en matière d’influence culturelle évoluent, mais le moyen reste le même. Il faut toutefois ajouter que les Etats-Unis ne sont pas les seuls à agir ainsi, l’UE le fait aussi. Mais ni Trump ni Munsk n’aiment ce wokisme, ils estiment que c’est une perte d’argent.
Comment agit l’USAID ?
Il faut bien comprendre également que l’USAID n’agit pas seule : c’est le bras humanitaire de l’action américaine et en particulier de la CIA, qui va au-delà de l’alternance démocrates-républicains. C’est ce que l’on nomme le Deep State, l’Etat profond, qui assure la continuité de la politique étrangère américaine pour la défense des intérêts américains.
L’USAID sert à mettre en œuvre cette politique sous couvert d’aide au développement. Mais l’USAID agit à travers des associations et des ONG : ce sont elles qui sont financées. Sur le terrain, agissent des ONG officiellement privées dont les Etats-Unis ne sont pas responsables, avec l’argent de l’USAID, qui elle-même agit sur instruction du gouvernement. Il y a donc une double couverture.
Actuellement l’Agence oeuvre de manière très importante en Europe centrale comme en Ukraine. Un autre terrain d’action important sont les Balkans : la Macédoine et l’Albanie représentent un terrain stratégique pour l’avenir de l’Europe. L’idée étant de faire basculer les Balkans définitivement dans le camp occidental.
Pourquoi le gouvernement américain dévoile-t-il les agissements de l’USAID aujourd’hui ?
Il s’agit d’une révolution brutale mais nécessaire. Il faut arrêter la machine et regarder ce que l’Agence a fait avec tous ces milliards. Ronald Reagan avait pris quelques décisions de ce genre en décidant d’arrêter les financements sur les contrôles démographiques, et en révélant au public des documents confidentiels, notamment le fameux rapport Kissinger sur le contrôle démographique.
Cette mise à jour a montré des pratiques qui ont beaucoup choqué l’opinion américaine. Avec Donald Trump, c’est une nouvelle étape où il va y avoir de nouvelles révélations. Evidemment, l’on s’attend à beaucoup de choses concernant le Covid. Ainsi, l’on peut se demander si l’USAID a pu financer des laboratoires en Chine ou ailleurs ?
Sur la base des recherches de l’ECLJ nous savons que l’USAID a financé beaucoup de recherches en général, y compris des programmes de recherche en lien avec l’OMS, toujours sur la question du contrôle démographique. Notamment des vaccins stérilisants réalisés dans le cadre du programme “Population humaine” abrité par l’OMS.
Avec l’arrêt ou la diminution drastique de l’USAID, l’Europe va prendre le relais d’une partie de l’influence américaine. Ainsi, lorsque Trump avait arrêté de financer un certain nombre d’organisations lors de son premier mandat, notamment l’OMS, l’Europe avait pris le relais. Il va y avoir une continuation du financement néo-libéral par l’Europe.
Et de nombreuses fondations américaines poursuivront leur financement : l’Open Society de Soros, la fondation Ford avec 16 milliards de dollars de capital, celle de Bill Gates qui en a 70, et celle de Warren Buffet avec 36 milliards. Ces fondations privées vont continuer à exercer leur influence, mais elles n’auront plus le soutien de l’administration américaine pour une partie de leurs activités.
Cela relève d’aspects qui sont estimés aujourd’hui comme ne correspondant pas aux intérêts américains. Il y aura une réduction des dépenses, et un recentrage des investissements américains à l’étranger pour les aligner sur ce que Trump estime davantage être les intérêts américains.
Cette mise au point de M. Puppinck permet de mieux mettre en perspective les activités de développement, dont nombre sont réellement caritatives, et sans doute certaines financées par l’USAID, mais dont un nombre incalculable était lié au contrôle démographique ou à la diffusion de l’esprit progressiste à travers des idéologies destructrices.
(Sources : cath.ch/ECLJ – FSSPX.Actualités)
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