Sur l’usage du latin dans la liturgie

Source: FSSPX Actualités

Dans son édition datée du 15 novembre 2007, L’Osservatore Romano a publié un article du Père Uwe Michael Lang intitulé Lien d’unité entre les peuples et les cultures, faisant une présentation de la genèse et de l’histoire (de l’Empire Romain jusqu’au Concile Vatican II) des langues grecque et latine dans la liturgie catholique. 

Uwe Michael Lang, né en 1972 à Nürnberg (Allemagne), est membre de l’Oratoire Saint Philippe Neri à Londres. Il a étudié les lettres classiques et la théologie à Vienne et à Oxford, et a obtenu un doctorat en théologie en 1999 (Oxford). Ordonné prêtre en 2004, il enseigne la théologie au Heythrop College (Londres).

Le Père Uwe Michael Lang a rappelé que « Les historiens de l’antiquité ont montré que la formation de la langue latine liturgique faisait partie d’un effort de christianisation de la culture et de la civilisation romaines sur un large rayon ». (…)

« Le Concile Vatican II a souligné que "l’usage de la langue latine… doit être préservé dans le rite latin" (Sacrosanctum Concilium, art. 36, n ° 1 ; cf. aussi art. 54). Les  Pères conciliaires  n’ont pas imaginé que la langue sacrée de l’Eglise occidentale serait remplacée par le vernaculaire.

La fragmentation linguistique du culte catholique dans la période post-conciliaire a été poussée si loin que la majorité des fidèles d’aujourd’hui ne peut que difficilement réciter un Pater noster avec les autres, comme on peut le constater dans les réunions internationales, à Rome ou à Lourdes. A une époque marquée par une grande mobilité et par la mondialisation, une langue liturgique commune pourrait servir de lien d’unité entre les peuples et les cultures, outre le fait que la liturgie latine est un trésor spirituel unique qui a nourri la vie de l’Eglise pendant des siècles. Enfin, il est nécessaire de préserver le caractère sacré de la liturgie dans la traduction en langue vernaculaire, comme le précise l’instruction du Saint-Siège Liturgiam authenticam de 2001. »

L’auteur de l’article a écrit un ouvrage intitulé Conversi ad Dominum (tournés vers le Seigneur) publié en allemand en 2003 et en anglais en 2004. La traduction française est parue en 2006 aux éditions Ad Solem sous le titre Se Tourner vers le Seigneur – Essai sur l’orientation de la prière liturgique. Nous donnons ici quelques extraits de la préface du cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

« Pour le catholique pratiquant normal, la réforme liturgique du Concile Vatican II a eu essentiellement deux résultats : la disparition de la langue latine et l’autel tourné vers le peuple. Mais si l’on lit les textes conciliaires, on pourra constater avec étonnement que ni l’un ni l’autre de ces changements ne s’y trouvent sous cette forme.

« Certes, on devait, selon les intentions du Concile (cf. la constitution Sacrosanctum Concilium 36,2) faire place à la langue vulgaire – dans le cadre surtout de la liturgie de la Parole – mais dans le texte conciliaire, la règle générale qui précède immédiatement celle à laquelle nous venons de faire allusion dit : « Que l’usage de la langue latine, sauf un droit particulier, soit conservé dans les rites latins» (Sacrosanctun Concilium 36,1).

« Dans le texte conciliaire, il n’est pas question de l’autel tourné vers le peuple. Il en est question dans les instructions post-conciliaires. (…) 

« Ce petit livre d’Uwe Michael Lang, oratorien résidant en Angleterre, analyse la question de l’orientation de la prière liturgique du point de vue historique, théologique et pastoral. Ce faisant, il rallume en un moment opportun – me semble-t-il –, un débat qui, malgré les apparences, n’a jamais vraiment pris fin, même après le Concile. »