Synode sur la synodalité : la synthèse espagnole
Présentation du texte synodal de synthèse lors de l’Assemblée de Madrid
La phase diocésaine du Synode sur la synodalité en Espagne s’est achevée le 11 juin 2022 par une Assemblée synodale finale de la Conférence épiscopale espagnole, à Madrid, et par la clôture officielle de la phase synodale en Espagne. Un certain nombre de membres synodaux laïcs ont participé à cette dernière Assemblée.
Celle-ci a présenté la synthèse finale des documents réunis au cours de la phase diocésaine. Depuis l’ouverture du Synode, le 10 octobre 2021, jusqu’à sa clôture en Espagne, le 11 juin 2022, tous les diocèses espagnols, les congrégations religieuses, les instituts séculiers et de vie contemplative, les mouvements apostoliques et de nombreuses autres institutions apostoliques ont été impliqués.
En Espagne, 14 000 groupes synodaux ont participé à ce parcours commun, engageant plus de 215 000 personnes, principalement des laïcs, mais aussi des personnes consacrées, des religieux, des prêtres et des évêques.
Les 70 diocèses ont été sollicités, avec 13 500 groupes paroissiaux, de nombreuses congrégations religieuses et 11 CONFER régionales, 215 monastères cloîtrés, 20 Caritas diocésaines, 37 mouvements et associations de laïcs, 21 instituts séculiers. Le document précise :
« L’appel du pape François à participer au Synode a été accepté avec enthousiasme et espoir, et il a été compris que le but de cette phase diocésaine n’était pas de répondre à un questionnaire mais de commencer à incorporer la synodalité comme une partie fondamentale de l’être de l’Eglise et le “style synodal” qui en découle comme la manière appropriée de faire l’Eglise. »
Le document fait une constatation intéressante sur la liturgie
« Nous constatons que la liturgie est vécue de manière froide, passive, ritualisée, monotone et distante. Cela est dû en grande partie à un manque de formation à son contenu, qui conduit à une méconnaissance de ce qu’il est et de ce qu’il signifie, et à un manque de participation à son développement, qui conduit à l’indifférence. »
Au lecteur qui n’est pas né d’hier, la ressemblance saute aux yeux : ce sont les mêmes reproches qui étaient adressés à la messe tridentine pour pouvoir la remplacer par une célébration enthousiaste, joyeuse, active… Il y a de cela plus de 50 ans. Quel aveu ! Le document continue :
« C’est pourquoi il est essentiel de renforcer la formation à la liturgie et de promouvoir une participation vivante et fructueuse par la création d’équipes d’animation liturgique. Il est également nécessaire de réfléchir sérieusement à l’adaptation des langues, des vêtements et de certains rites plus éloignés du temps présent », toutes choses inscrites dans le Concile depuis près de 60 ans…
Le document poursuit avec les principaux thèmes abordés : l’« écoute », ce qui recouvre l’accueil des personnes qui ont besoin d’un accompagnement – en particulier les divorcés-remariés ou les personnes LGBT. La nécessité d’une formation : le document reconnaît que les laïcs sont souvent peu formés, mais ne s’engagent pas pour combler cette lacune.
Pourtant ils prônent la coresponsabilité des fidèles laïcs – sans formation donc… Ainsi qu’une lutte contre l’autoritarisme. Comment décider si l’on n’a qu’une formation déficiente ? Sans oublier que l’autorité dans l’Eglise a été donnée par Dieu à la hiérarchie et à ses assistants : évêques et curés.
Ils prônent aussi le dialogue avec le monde, « abandonner la vision d’une Eglise de maintenance pour passer à une authentique Eglise de sortie ». Car « l’Eglise est perçue comme une institution réactionnaire, avec peu de propositions, éloignée du monde d’aujourd’hui ». A juste titre, car ce monde, et particulièrement celui d’aujourd’hui est opposé à l’Eglise.
Il faut en venir à « certains thèmes spécifiques qui ont trouvé une forte résonance ».
De quelle Eglise s’agit-il ?
Ces thèmes vont nous la révéler.
« Tout d’abord, la référence au rôle des femmes dans l’Eglise comme une préoccupation, une nécessité et une opportunité. Leur importance dans la construction et l’entretien de nos communautés est appréciée et leur présence dans les organes de responsabilité et de décision de l’Eglise est considérée comme essentielle.
« La présence et la participation limitées des jeunes à la vie et à la mission de l’Eglise suscitent une inquiétude manifeste.
« La famille est considérée comme un domaine prioritaire pour l’évangélisation.
« La question des abus sexuels, des abus de pouvoir et des abus de conscience dans l’Eglise a eu un écho important, mettant en évidence la nécessité du pardon, de l’accompagnement et de la réparation.
« Il y a eu un sentiment majoritaire sur la nécessité d’institutionnaliser et de renforcer les ministères laïcs.
« Une attention particulière doit être accordée à la question du dialogue avec les autres confessions chrétiennes et les autres religions. Nous reconnaissons que nous avons peu d’expérience œcuménique dans nos communautés, mais nous comprenons la nécessité d’établir ce dialogue là où il n’existe pas. »
Enfin, sans attendre le résultat du Synode, le document souligne l’appel fait à tous « à marcher ensemble et à renouveler et augmenter notre manière de participer à l’Eglise, depuis les profondeurs de son mystère, dans les deux aspects qui la définissent : la communion et la mission.
« Cet appel implique de répondre à trois urgences clairement imbriquées : accroître la synodalité, promouvoir la participation des laïcs et vaincre le cléricalisme. »
Enfin – last but not least – « bien qu’il s’agisse de questions soulevées uniquement dans certains diocèses, et par un petit nombre de groupes ou d’individus, nous jugeons opportun d’inclure la demande qu’ils formulent concernant la nécessité d’approfondir le discernement sur la question du célibat facultatif des prêtres et de l’ordination des personnes mariées ; dans une moindre mesure, la question de l’ordination des femmes s’est également posée ».
Cette dernière inclusion a introduit une zizanie chez les évêques espagnols, entre ceux qui maintiennent fermement la doctrine catholique et ceux qui sont prêts à la brader sur l’autel de la synodalité.
Comme il était facile de la prévoir, et comme cela a été dit depuis divers horizons, ce Synode, véritable brainstorming à la sauce catholique, sur fond d’attaque de l’autorité et d’introduction d’une bonne dose de démocratie dans la gouvernance de l’Eglise, mènera inéluctablement à une cacophonie croissante dont il ne pourra sortir que plus de confusion et finalement de division. Triste résultat pour un “marcher ensemble”.
(Sources : InfoCatolica/conferenciaepiscopal.es – FSSPX.Actualités)
Illustration : © conferenciaepiscopal.es