Taïwan confie les rênes du pouvoir à un catholique
La présidente Tsai Ing-wen et le premier ministre Chen Chien-jen
La présidente de Taïwan vient de nommer Chen Chien-jen au poste de premier ministre. Fervent catholique et épidémiologiste de renom, le nouveau chef du gouvernement aura fort à faire dans un contexte dégradé avec Pékin.
C’est le 26 janvier 2023, durant les vacances du nouvel an chinois, que la présidente Tsai Ing-wen s’est entretenue avec Chen Chien-jen : à l’issue de la rencontre, ce dernier a accepté sa nomination au poste de premier ministre. Le 30 janvier dernier, il a succédé officiellement à son prédécesseur, Su Tseng-chang.
Le nouveau chef de l’exécutif taïwanais est issu des rangs du Parti démocrate progressiste (DPP) une formation politique née du combat pour la démocratisation de l’île dans les années 1980.
Mais Chen Chien-jen s’est surtout fait connaître pour sa foi catholique dont il ne fait pas mystère. Le nouveau premier ministre a d’ailleurs été adoubé chevalier de l’Ordre du Saint-Sépulcre en 2010, puis de Saint-Grégoire-le-Grand en 2013, pour les services rendus à l’Eglise catholique de Taïwan.
Le choix de Chen Chien-jen a été salué dans les rangs du DPP comme étant cohérent : le nouveau chef du gouvernement a l’avantage d’avoir une bonne formation académique, une image sociale vierge de scandales, et a fait preuve, dans le passé, d’excellentes capacités de communication en coordonnant de nombreuses réformes.
De plus, il jouit d’une grande expérience politique – il a occupé le poste de vice-président – son réseau dans les milieux diplomatiques et religieux n’est plus à prouver, et son empathie pour les plus démunis le fait apprécier des couches populaires taïwanaises.
Autant de qualités qui ne seront pas de trop au nouveau chef du gouvernement, alors que la pression monte dans le détroit de Taïwan, avec d’incessantes démonstrations de force de Pékin, sans parler des difficultés que rencontre le parti de Chen Chien-jen.
En janvier 2024, les élections présidentielles doivent avoir lieu, car le second mandat de la présidente Tsai Ing-wen arrive à son terme, mais la période est délicate pour le DPP au pouvoir, qui fait face aux menaces croissantes émanant du Parti communiste chinois. D’ailleurs, nombreuses sont les études américaines à mettre en garde contre une escalade militaire.
Ainsi, dans un récent numéro de la revue Foreign Affairs, les analystes Jude Blanchette et Ryan Hass soulignent qu’au sein des think-tank américains, on se résigne à ce que la paix ne puisse plus durer très longtemps.
Selon les deux chercheurs, la politique des Etats-Unis devrait s’infléchir de façon notable dans la région : « Préserver la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan devrait être la seule mesure à l’aune de laquelle la politique américaine pût être évaluée. Et non pas le règlement de la question de Taïwan une fois pour toutes, ou bien le maintien de l’île dans le giron des Etats-Unis. »
Une analyse autorisée qui en dit long, et qui a de quoi faire avoir des sueurs froides à plus d’un Taïwanais…
(Sources : Ucanews/Radio Taipei International – FSSPX.Actualités)
Illustration : Flickr / 總統府 (CC BY 2.0)