Tchéquie : l'Eglise devra-t-elle payer pour récupérer ses biens ?
En République tchèque, un projet de loi entend faire payer un impôt à l’Eglise sur chaque bien qui lui sera restitué, alors que l'Eglise en fut spoliée sous le joug communiste.
Le 3 juin 2013, la Cour constitutionnelle confirmait une loi sur la restitution des biens des communautés catholique, protestante, orthodoxe et juive – près de 2 500 bâtiments et 200.000 hectares de terrains confisqués par le pouvoir tchécoslovaque entre 1948 et 1989. Une indemnisation devait être de plus accordée aux différents cultes.
Mais en juillet 2018, cet accord - fruit de nombreuses tractations entre l’Etat, l’Eglise catholique et les autres cultes - est remis en cause par le projet du Parti communiste tchèque, qui souhaite imposer les revenus de cette indemnisation à hauteur de 19 %, estimant que le niveau de restitution était excessif.
Le projet a des chances d’être voté par le Parlement : les communistes y disposent de 15 voix cruciales et soutiennent le nouveau gouvernement d’Andrej Babis, milliardaire populiste et lui-même ancien communiste.
L’Eglise catholique a fait entendre sa voix : « Comment pouvez-vous imposer une taxe sur ceci ? Nous sommes le créancier et l’Etat est le débiteur ici, c’est ahurissant », s’est exclamé le père Stanislav Pribyl, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques tchèques.
L’Eglise sera-t-elle soutenue par la population tchèque ? Rien n’est moins sûr, car l’ère communiste athée et la transition brutale vers les pseudo-valeurs libérales d’un Occident sécularisé ont imprimé leur marque : lors du dernier recensement national de 2011, sur les 10,6 millions d’habitants que compte le pays, 3,6 millions de personnes se sont identifiées comme incroyantes, et 5 millions se sont déclarées sans religion. Pauvre Europe.
(Source : La Croix - FSSPX.Actualités - 02/08/2018)