Terre Sainte : Bethléem coupée en deux par un mur
Mur de Bethléem
Comme toute passion à l’état aigu, la haine aveugle. Edifier un mur géant en pleine ville, a été historiquement le fait de régimes totalitaires. Israël construit actuellement un mur autour de la tombe de Rachel, lieu saint pour les juifs. Cette construction a été programmée dans le cadre d’un mur de 360 kilomètres séparant les Palestiniens d’Israël et des implantations juives.
La tombe de Rachel se trouve dans une partie de la ville qui est devenue un point d’affrontement entre Israéliens et Palestiniens. Israël envisage d’établir une zone de sécurité dans cet endroit et aussi en d’autres parties de Cisjordanie, région habitée principalement par des Palestiniens.
Pour venir prier sur la tombe de Rachel, qui se trouve sur la route menant de Jérusalem à Bethléem, les visiteurs doivent franchir un point de contrôle militaire israélien. "C’est l’entrée de la ville où est né Jésus", déclare le maire de Bethléem, Hanna Nasser, un chrétien palestinien qui a grandi dans la rue qui mène vers la tombe et qui sera divisée par le nouveau mur. Hanna Nasser, comme d’autres habitants de Bethléem, devra bientôt avoir une autorisation spéciale pour se rendre dans la maison où il a grandi.
Aujourd’hui, Israël estime que la tombe, ainsi fortifiée, n’est pas suffisamment sûre et a ordonné l’expropriation des terrains qui l’entourent. "Nous assurerons l’accès libre à l’un des sites juifs les plus sacrés, et c’est pourquoi nous allons ériger un mur", a déclaré Raanan Gissin, un porte-parole du premier ministre israélien, Ariel Sharon.
Même si l’armée israélienne a déclaré que le décret autorisant l’expropriation des terres sera valable seulement ces trois prochaines années, des Palestiniens, et entre autres le maire de Bethléem, estiment que ce décret équivaut à l’annexion d’une zone palestinienne en Cisjordanie et sera considéré comme mesure permanente par Israël.
"En raison de la décision d’Israël, 60 familles, près de la tombe de Rachel, qui est un lieu sacré juif, ont été encerclées, isolées et privées de tout service; elles n’ont qu’une petite entrée, à travers un mur de huit mètres de haut, qui isolera aussi la ville de Bethléem de Jérusalem et des autres Territoires", dénonce Mgr Jacques Berthelet, évêque de Saint-Jean-Longueuil (Canada) et président de la CECC. "Les habitants de Bethléem et particulièrement les chrétiens, se voient ainsi encerclés, menacés par une mort lente et forcés de quitter les lieux", poursuit le prélat, qui a constaté la situation de visu en janvier dernier, en compagnie d’autres délégués des Conférences épiscopales d’Europe et d’Amérique.
Il faut cependant se garder de considérer la situation de manière unilatérale car, du côté palestinien aussi, les violences continuent. A la fin du mois de février, quelques vandales palestiniens ont profané et même détruit à coups de gros marteaux le monument de la tombe du patriarche Joseph; un bulldozer a achevé le travail. Natan Sharansky a fait remarquer, non sans raison: "Si nous avions rasé le tombeau de l’un des fondateurs de l’islam, des millions de musulmans seraient descendus dans la rue."