Terre Sainte. Bethléem : L’impasse (2002)
Bethléem - Basilique de la Nativité
Il ne se passe pas une journée sans que des appels à la paix ne se fassent entendre selon une spirale de la surenchère qui répond à celle de la violence. Finalement, les Etats-Unis sont entrés en lice. Ce ne fut pas l’habituel tapis de bombes, mais une mission diplomatique vouée à l’échec.
Entre-temps, le siège de la basilique de la Nativité continue. Les snipers israéliens postés sur les toits tirent sur tout ce qui bouge ; des haut-parleurs émettent des appels incessants à la reddition ; les vivres s’épuisent et le moral est atteint.
Le Saint-Siège condamne le refus du droit à l’eau, à la nourriture et aux soins médicaux, dont le gouvernement israélien se sert « comme d’une arme » contre les Palestiniens. Tout en regrettant la présence d’hommes armés dans la basilique de la Nativité.
Un moine arménien aurait été grièvement blessé par un tir israélien. Selon un jeune palestinien de 16 ans qui serait ressorti de la basilique, saisi puis relâché par les Israéliens, il y aurait parmi les assiégés un autre blessé grave dont la jambe est gagnée par la gangrène et deux morts, dont un policier palestinien, tué par un tireur d’élite israélien.
Trois moines arméniens ont quitté les lieux, mardi 23 avril. Selon eux, les soldats palestiniens frapperaient les religieux et réquisitionneraient tout ce qu’ils trouvent dans le couvent. Nous préférons parler au conditionnel en raison d’un truquage probable de l’information.
En effet, cette guerre en Terre Sainte n’est pas seulement une guerre des armes, mais aussi une guerre des médias et une guerre psychologique dans laquelle les fausses nouvelles, les mensonges, les inculpations et calomnies réciproques foisonnent. Les Palestiniens accusent les Israéliens d’avoir donné l’assaut à la basilique et les Israéliens accusent les Palestiniens de détenir les religieux en otages. Israël assure devant la face du monde ne pas toucher au lieu saint, ce qui ne l’empêche pas de faire surveiller la basilique par des tireurs d’élite dont le professionnalisme ne distingue pas un soldat Palestinien d’un Franciscain européen en bure.
La situation est profondément enlisée car la passion aveugle, particulièrement la haine. A titre d’exemple, un chef de parti politique israélien préconise l’utilisation de gaz pour forcer les Palestiniens à sortir de la basilique. De même estime-t-il que Tsahal devrait bombarder les camps de réfugiés palestiniens avec l’aviation plutôt que de mettre en danger l’infanterie de l’Etat hébreu. Il a cité en exemple l’aviation américaine dans le sud de l’Afghanistan, qui « certains jours a liquidé 400 personnes par jour grâce à des bombardements aériens ». Et de renchérir sur une épuration ethnique du grand Israël, sur la disparition « de la surface de la terre » de la « mukata » (bâtiment dans lequel est enfermé Yasser Arafat) « avec tous ceux qui sont dedans » (Propos rapportés par la presse israélienne).
Les résolutions et condamnations onusiennes pleuvent. Rien n’y fait. Israël est maître en Terre Sainte et entend le devenir à part entière, quitte à prendre tous les moyens pour arriver à ses fins. Les complicités ne manquent pas, surtout de la part des Etats-Unis et des pays européens. Par exemple, la Commission des Droits de l’Homme (CDH) a une nouvelle fois condamné Israël, ce 18 avril. Elle a adopté par 34 voix contre 2 et 17 abstentions une résolution dénonçant la détention de citoyens libanais et les atteintes à l’intégrité territoriale au Liban. Tous les pays européens se sont abstenus. Autre exemple : la commission envoyée par l’ONU pour enquêter sur les massacres du camp de Jedine a vu sa mission retardée pour plusieurs jours. Aucun pays ne pourrait se permettre cela, et moins encore.
Des pourparlers au sujet de Bethléem ont eu lieu ces 24 et 25 avril. Sans résultat. Prions pour la chrétienté en Terre Sainte.