Terre sainte : les communautés chrétiennes ferment le Saint-Sépulcre

L'église du Saint-Sépulcre, site du tombeau du Christ, est fermée depuis ce dimanche 25 février 2018, en signe de protestation contre des mesures fiscales que la municipalité de Jérusalem veut appliquer aux biens ecclésiastiques. Pour l'instant, la durée de cette mesure exceptionnelle n'a pas été établie.
Plus précisément, deux causes sont derrière cette fermeture : des mesures fiscales prises par le maire de Jérusalem, et un projet de loi sur les biens immobiliers des communautés chrétiennes.
Les mesures fiscales consistent à faire payer des impôts sur plusieurs centaines de biens immobiliers – non sur les lieux de culte – qui produisent un revenu, comme les locations, les commerces et les auberges qui accueillent les pèlerins. L’exemption de cet impôt, dite « arnona », remonte à l’Empire ottoman et n’avait jamais été remise en question jusque-là. Le maire de Jérusalem, Nir Barkat, a fait savoir dans un communiqué que la ville comptait récupérer des arriérés d'impôts d'un montant de 650 millions de shekels (152 millions d'euros). Les autorités civiles auraient déjà commencé à réclamer leur dû : plusieurs centaines de milliers de dollars ont été récoltés, et plusieurs comptes bancaires auraient été gelés, selon certains médias israéliens, bien que la commission ministérielle israélienne qui devait examiner le projet de la municipalité de Jérusalem, le 25 février 2018, ait reporté sa décision d’une semaine.
Le projet de loi, quant à lui, permettrait d’exproprier des biens appartenant aux communautés chrétiennes, qui seraient dès lors vendus à des investisseurs privés.
A travers cette décision de fermeture du Saint-Sépulcre, les responsables des communautés catholique, grecque orthodoxe et arménienne ont souhaité alerter l’opinion internationale. Dans un communiqué publié par l’AFP, ils affirment que si ces mesures étaient adoptées, elles rendraient « possible l’expropriation des biens des Eglises ». Ils ajoutent que ces mesures de l’Etat d’Israël et de la municipalité, s'apparentent à « une tentative d'affaiblir la présence chrétienne à Jérusalem » : « Cela nous rappelle toutes les lois de même nature qui ont été appliquées aux juifs durant les heures sombres de l’Europe ».
Considéré comme le site le plus saint de la chrétienté, le Saint-Sépulcre est construit sur le tombeau du Christ. Géré par les communautés catholique, grecque orthodoxe et apostolique arménienne, il accueille chaque année des centaines de milliers de pèlerins des diverses confessions chrétiennes. Sa fermeture est rare. En 1990, il avait été fermé avec d'autres sites chrétiens pour protester contre l'installation de colons près du sanctuaire. Neuf ans plus tard, des sites chrétiens avaient été de nouveau fermés pour protester contre la construction d'une mosquée à proximité de la basilique de l'Annonciation, à Nazareth.
(Source : AFP/lorientlejour.com/cath.ch – FSSPX.Actualités - 27/02/2018)