Ukraine : l’« Eglise orthodoxe ukrainienne unifiée » est légalisée

Source: FSSPX Actualités

Le patriarche Bartholomée et le président ukrainien Petro Porochenko, le 5 janvier 2019.

Le patriarche œcuménique Bartholomée 1er a légalisé le 5 janvier 2019 l’autocéphalie de l’« Eglise orthodoxe ukrainienne unifiée », devenant ainsi officiellement indépendante du Patriarcat de Moscou. 

Le lendemain, jour de Noël chez les orthodoxes, le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée, a remis le tomos, le décret officiel confirmant la création d’une Eglise ukrainienne indépendante du patriarcat de Moscou, au président ukrainien Petro Porochenko. La procédure a été formalisée dans l’église orthodoxe Saint-Georges d’Istanbul, au cours d’une cérémonie retransmise en direct par les chaînes de télévision ukrainiennes. 

Moscou dénonce le risque d’un « conflit sanglant »

Moscou a une nouvelle fois dénoncé un « schisme » et aussitôt rompu ses liens avec Constantinople. « Les actions de Constantinople nous laissent perplexes du point de vue du bon sens. Je me demande comment ils ont pu dire qu’ils abolissent la charte du patriarche Dionysius de 1686 ! », a ainsi déclaré le patriarche Cyrille, à Moscou. Ce dernier a déploré des événements « extrêmement dangereux pour l’intégrité du peuple orthodoxe », citant la décision du parlement ukrainien d’exiger de modifier la dénomination de l’Eglise orthodoxe ukrainienne (liée à Moscou). « Ces modifications vont certainement être suivies de répressions, et il est évident qu’il s’agit d’une sorte d’ultimatum : si l’Eglise orthodoxe ukrainienne ne change pas de dénomination, son enregistrement lui sera retiré. Et si elle change de dénomination, naturellement, on opérera les pressions les plus fortes sur les Ukrainiens, sur la société. Il y aura sans aucun doute des saisies d’églises par la force. (…) Tout ce qui concerne leurs églises risque de tourner au conflit sanglant ».

Une crainte que partage également Vladimir Poutine qui a déclaré que la décision du parlement ukrainien pourrait conduire à une redistribution « sanglante » des biens ecclésiastiques entre l’Eglise orthodoxe canonique, liée au Patriarcat de Moscou et qui possède le plus grand nombre de paroisses, et la nouvelle Eglise ukrainienne unifiée. Le 20 décembre 2018, lors d’une conférence de presse tenue au Kremlin, le chef de l’Etat russe a dénoncé « les motifs électoraux » d’un schisme « mis en scène » et pointé « l’ingérence de Washington ». A quelques mois des élections présidentielles, le président sortant Petro Porochenko, soutenu par les Etats-Unis, sera candidat à sa réélection. Il revendique depuis plusieurs mois l’indépendance de l’Eglise ukrainienne et en a fait un argument de sa campagne. 

Le Saint-Siège ne s’est pas encore prononcé

De son côté, la nonciature apostolique de Kiev a démenti les affirmations du porte-parole de la nouvelle Eglise orthodoxe d’Ukraine selon lesquelles elle aurait déjà été reconnue par le Vatican. « Si le Saint-Siège souhaite publier sa position officielle sur ces événements, il le fera à l’aide des moyens et outils appropriés », a-t-elle affirmé. 

Quant aux évêques catholiques romains (latins) d’Ukraine, ils ont tout de même adressé un message de félicitations officiel au métropolite Epiphane pour son élection à la tête de l’Eglise locale orthodoxe d’Ukraine. Mgr Bronislav Bernatsky, président de la Conférence des évêques catholiques romains d’Ukraine dit « espérer une coopération fructueuse et amicale de nos Eglises pour le bien des affaires de Dieu entre nos compatriotes et de l’Etat ukrainien ».

L’Eglise catholique latine en Ukraine se concentre surtout à l’ouest et au centre du pays dans des régions autrefois polonaises. Elle rassemble environ 1% de la population ukrainienne. 

L’Eglise gréco-catholique réunit 8,2% des Ukrainiens.