Ukraine : Problèmes avec l’Orthodoxie sur fond russe

Source: FSSPX Actualités

Cardinal Lubomyr Huzar, archevêque majeur de l'Eglise gréco-catholique ukrainienne

"La thèse de l’Eglise orthodoxe russe, affirme le cardinal Liubomyr Huzar, est que, pour être de bons Russes, il faut être orthodoxes. Et ils tiennent le même discours pour l’Ukraine qui, disent-ils “a toujours été orthodoxe”".

L’Orthodoxie en Ukraine n’est pas plus tendre qu’en Russie. Le problème est, pour une part, que les catholiques y sont plus sensibles aujourd’hui, œcuménisme oblige. Cependant, les difficultés ne sont pas récentes. En effet, l’Eglise orthodoxe russe étant une Eglise nationale, a considéré le territoire russe comme une chasse gardée, et toute intervention de la religion catholique comme du "prosélytisme" déplacé, et ce depuis l’origine du schisme. On se souvient en particulier comment les rapports étaient devenus extrêmement tendus sous saint Pie X et Benoît XV, à tel point que ce dernier et son successeur Pie XI pensaient pouvoir tirer davantage du nouveau régime soviétique que du tsar Nicolas II.

Suite à la trahison du concile Vatican II refusant de condamner ce système intrinsèquement pervers, suite aux courbettes des cardinaux Willebrands et Bea, suite aux accords de Balamand, l’Orthodoxie russe s’était habituée à considérer le Vatican dans son rôle de doux agneau mené à l’abattoir; il n’en faut pas plus pour rendre le bourreau de plus en plus agressif. Et le doux agneau de ne plus savoir comment amadouer le loup.

"Mais nous, grecs catholiques, affirme aujourd’hui le cardinal Husar, nous sommes plus de 4,5 millions de personnes et nul ne peut nier que nous soyons de bons Ukrainiens".

Pour le cardinal, la seule existence des grecs catholiques "fait tomber la prétention d’identification culturelle et confessionnelle", et l’objectif de Moscou est d’éliminer, "tout ce qui fait obstacle à la réunification politique ou religieuse de l’Ukraine à la Russie". Selon lui, "la Russie ne parvient pas à se considérer comme une grande nation, comme “un empire”, sans l’Ukraine. Il en va de même pour l’Eglise orthodoxe russe", souligne-t-il en précisant que, sur les 19000 paroisses qui dépendent du patriarcat de Moscou, plus de 9000 se trouvent sur le territoire ukrainien.

Le cardinal Huzar souhaiterait que Rome crée un patriarcat à Kiev, dans l’est du pays, afin de donner une plus grande importance à l’implantation de l’Eglise catholique. Le responsable des relations extérieures du patriarcat orthodoxe de Moscou a immédiatement réagi: "s’ils créent un tel patriarcat, cela voudrait dire que l’Eglise catholique installe un patriarcat contre celui qui existe déjà".

Son homologue russe, Mgr Kondrusiewicz, est tout aussi embarrassé, se retrouvant pris dans un étau entre, d’une part, les prétentions arrogantes de l’orthodoxie et, d’autre part, la traîtresse attitude de prélats catholiques influents qui, sans vergogne, soutiennent l’Orthodoxie russe, en paroles et en actes. C’est ainsi qu’il s’est plaint de ce que certains évêques viennent rendre visite dans son dos au patriarche orthodoxe Alexis II, lui apportant au passage quelques soutiens financiers (par exemple, par l'organisme de l'Aide à l'Eglise en Détresse - AED).