Un apostolat à la mesure d’un continent : entretien avec l’abbé Jean-Michel Gomis
Abbé Jean-Michel Gomis
Entretien avec l’abbé Jean-Michel Gomis de la Fraternité Saint-Pie X, réalisé par Anne Le Pape dans Présent du 2 novembre 2018, reproduit sur FSSPX.Actualités avec son aimable autorisation.
C’est de Notre-Dame de Consolation, au cœur de Paris, que l’abbé Gomis nous entraîne à l’autre bout du monde, en Amérique latine. Il est en effet venu exposer l’apostolat de la Fraternité Saint-Pie X dans ces pays lointains géographiquement, mais si proches de nous spirituellement.
Monsieur l’abbé, quel est votre rôle dans le district d’Amérique latine ?
Je suis secrétaire du supérieur de district, M. l’abbé Trejo. Cela reste une fonction assez large parce qu’en plus de l’aide au supérieur dans tout ce qui est tâches administratives, contacts avec les prêtres, contacts avec la Maison générale, d’autres tâches me reviennent, comme le soin de la revue du district, Jesus Christus, les études des jeunes prêtres, des voyages d’apostolat, des retraites…
Où se trouve le siège du district ?
A Martinez, dans la banlieue nord de Buenos-Aires, en Argentine.
Il s’agit du district de toute l’Amérique latine ?
Disons de l’Amérique du Sud, le Mexique étant un district à part, ainsi que l’Amérique centrale, maison autonome fondée l’année dernière, donc district en formation, incluant le Guatemala, les pays d’Amérique centrale et la République dominicaine. Notre district comprend tout le reste, sauf le Brésil, c’est-à-dire la Colombie, l’Equateur, le Chili, le Pérou, la Bolivie, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay.
Si je comprends bien, c’est vous qui vous occupez de la Patagonie ?
Bien sûr ! Nous avons le sud de l’Argentine, la Patagonie. Nous y allons de temps en temps en apostolat, même jusqu’à Ushuaïa, car nous y suivons des familles qui vivent dans cette ville, la plus au sud du monde.
La Fraternité a son propre séminaire en Amérique latine, à La Reja, dans la banlieue ouest de Buenos Aires. Quel est le nombre et l’origine des vocations ?
Le séminaire est plein, nous avons une bonne cinquantaine de séminaristes. Ils viennent pour la plupart d’Amérique latine, même s’il peut arriver que nous en ayons venant d’autres continents, comme des Etats-Unis ou d’Espagne, ou même de France, parfois – selon des circonstances particulières, des contacts…
Vos séminaristes ne poursuivent aucune année d’étude en Europe ?
Non, notre séminaire est totalement indépendant. Nous avons toutes les années d’étude sur place : deux ans de philosophie, trois ans de théologie, en plus de l’année de propédeutique et de la première année, sorte de grande retraite spirituelle, l’année de spiritualité.
Mais vous dépendez de la Maison générale de Menzingen ?
Exactement.
Combien de prieurés, desservis par combien de prêtres ?
Nous avons dans notre district sept prieurés, auxquels il faut ajouter le siège du district, desservis par 35 prêtres. Nos prêtres parcourent des distances impressionnantes, parfois 1000 km pour deux jours sur place, et certains fidèles font 300 km pour assister à la messe. Voyez votre chance en France !
Quelles relations avez-vous avec les évêques ? Mgr Bergoglio entretenait sur place de bonnes relations avec la Fraternité. En ressentez-vous les effets ?
C’est assez varié selon les diocèses mais, d’une manière générale, nous n’avons aucune difficulté particulière. Nous avons un statut assez spécial, effectivement, le pape étant argentin, et la Fraternité en Argentine (pas forcément dans tout le district) ressent les effets de ses bonnes relations avec l’abbé Bouchacourt, par exemple.
Les évangéliques prennent-ils de plus en plus de place en Amérique latine ?
Oui, ils s’étendent toujours plus, en même temps que les mormons et les témoins de Jéhovah. La nature a horreur du vide, et le message de l’Eglise catholique en général perdant de son intensité, de sa présence, les gens se tournent vers ceux qui proposent une certaine morale, comme les évangéliques, ou qui arrivent avec des moyens impressionnants, comme les mormons. A Buenos Aires se trouve le plus grand temple d’Amérique latine.
Voyez-vous un trait à relever, propre au continent d’Amérique latine ?
Beaucoup d’apostolat à fournir dans des pays qui ne connaissent pas encore la Tradition, comme l’Equateur, visité il y a deux ans, et où se manifestent quelques groupes de prière. Je m’y suis rendu en début d’année pour prêcher une retraite de saint Ignace et j’ai été impressionné en rencontrant des gens qui ont un fond catholique très présent – 95% de catholiques en Equateur – mais déconcertés en raison de la crise du clergé qui pointe, et qui ont soif de vérité. Dont beaucoup de familles et beaucoup de jeunes. Tout cela est très encourageant !
Propos recueillis par Anne Le Pape
Chaque année, dans la Pampa argentine, à Pichi Mahuida, des pèlerins venus de tout le pays participent à une chevauchée de 200 km en l’honneur des martyrs de la guerre civile espagnole.
Saint Joseph, notre Soros catholique
C’est surtout pour vos écoles que vous sollicitez de l’aide ?
Oui ! Nous avons trois écoles dans le district d’Amérique latine, réunissant 500 élèves : La Reja, Cordoba et Mendoza, qui ont particulièrement besoin d’aide, de par leur structure (Cordoba doit s’agrandir, les bâtiments de bois de La Reja tombent en miettes) et à cause de l’inflation galopante (en janvier, il fallait 22 pesos pour un euro, aujourd’hui il en faut 45).
Mais saint Joseph, que nous ne cessons d’implorer, nous envoie des signes, comme, à Mendoza, l’insistance du groupe commercial Jumbo pour acheter notre petite église et notre petit prieuré tout neufs installés au milieu d’un grand terrain. Pour arriver à ses fins, le groupe a construit pour nous une plus grande église et un plus grand prieuré à 500 mètres de là, entièrement à ses frais.
Autre exemple : nous devions 20 000 euros aux impôts pour notre école de La Reja, celle pour laquelle le gouffre financier est le plus important. Aucune solution en vue. Coup de fil de l’économe des carmélites d’Amérique du Nord (elles ne peuvent engranger plus de dons qu’il ne leur en faut pour vivre) nous annonçant l’envoi de 2 000 euros. En fait, ce sont 20 000 euros qui nous arrivent… pour repartir aussitôt : la sœur s’était trompée de somme au téléphone.
De tels signes nous encouragent… à vous demander votre aide pour que notre œuvre perdure et s’étende.
Chèques postaux ou bancaires à l’ordre de « FSPX Amérique du Sud », M. l’abbé Jean-Michel Gomis, 36 rue Mirabeau 59370 Mons-en-Barœul.
Anne Le Pape
(Source : Présent - FSSPX.Actualités - 07/11/2018)