Un fils de saint Louis au chevet de Franco

Source: FSSPX Actualités

L’aîné des Capétiens s’oppose à la volonté du gouvernement de Pedro Sanchez d’exhumer les restes du général Franco : mais l’exécutif espagnol entend hâter la procédure, à quelques semaines d’élections anticipées pouvant mener à une alternance politique.

« L'histoire condamnera ceux qui profanent ce temple grandiose (…). Quand on attaque Franco, on attaque les miens, plus de la moitié de l'Espagne, la monarchie et l'Eglise qu'il protégea » : Louis duc d’Anjou, aîné des Capétiens, n’entend pas céder aux pressions du gouvernement espagnol souhaitant effacer toute trace du franquisme dans la Valle de los Caidos. 

Louis de Bourbon - arrière petit-fils du Caudillo par sa grand-mère Carmen Franco - s’oppose d’autant plus au gouvernement que ce dernier refuse que les restes de l’ancien chef d’Etat soient transférés dans la crypte d’Almudena où la famille possède un caveau, par crainte que le centre de Madrid ne devienne un nouveau lieu de la mémoire franquiste. 

L’Eglise d’Espagne, douloureusement frappée par un Alzeimer en matière historique, a - sur les conseils du Saint-Siège - annoncé qu’elle s’alignerait sur la décision du gouvernement. 

Mais la situation demeure bloquée car les tombes d’Almudena « sont des propriétés privées ». Par conséquent « l’Eglise ne peut pas interdire l'inhumation d'un défunt dont la famille est propriétaire d'une des cryptes », rappelle Benoît Pellistrandi, historien de l'Espagne contemporaine, au micro de France Culture. 

L’affaire pourrait prendre un tournant dramatique car, au mépris du droit, l’exécutif a promulgué le 15 février 2019 un décret d’exhumation donnant deux semaines à la famille pour trouver un nouveau lieu de sépulture. 

Le gouvernement s’est en effet engagé dans une véritable course contre la montre. En effet, à la suite de sa gestion des affaires catalanes, les socialistes ont perdu une partie de leurs soutiens et ils ne peuvent plus gouverner seuls. Il est très probable qu’une nouvelle coalition emmenée par le Parti Populaire voit le jour au mois d’avril 2019, ce qui aurait pour effet d’enterrer, pour longtemps, toute velléité de toucher aux restes du généralissime. 

C’est pourquoi le Parti socialiste espagnol fait de l’exhumation du corps de Franco une priorité afin d’éviter que le conflit catalan ne monopolise l’attention durant la campagne, et aussi pour occuper l’espace politique à gauche, aux dépens de Podemos, un parti concurrent. 

La famille de Franco a, quant à elle, annoncé qu’elle déposait un ultime recours devant la Cour suprême, afin d’empêcher toute exhumation : telle la statue du Commandeur qui eut le dernier mot face à Dom Juan, la dépouille du Caudillo aura-t-elle finalement raison de l’acharnement de Pedro Sanchez ?