Un retour de manivelle

Source: FSSPX Actualités

 

Au sujet du non-accès à la communion pour les divorcés remariés, l’encyclique Ecclesia de eucharistia rappelle le droit de l’Eglise: "Le jugement sur l’état de grâce appartient au seul intéressé, puisqu’il s’agit d’un jugement de conscience. Toutefois, en cas de comportement extérieur gravement, manifestement et durablement contraire à la norme morale, l’Église, dans son souci pastoral du bon ordre communautaire et par respect pour le Sacrement, ne peut pas ne pas se sentir concernée. Cette situation de contradiction morale manifeste est traitée par la norme du Code de Droit canonique sur la non-admission à la communion eucharistique de ceux qui « persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste ». III, § 37

La chose est particulièrement gênante pour le cardinal Kasper qui, en 1993, avait prôné une opinion contraire. En effet, ensemble avec l’évêque de Mayence, Mgr Lehmann – actuel président de la conférence épiscopale d’Allemagne – et Mgr Saier, évêque de Fribourg en Brisgau, il avait rédigé une Lettre pastorale expliquant que dans le cas où des divorcés remariés pouvaient en conscience justifier leur démarche, il n’y avait pas lieu de leur refuser la communion. Cette Lettre pastorale n’était pas passée inaperçue à l’époque, Rome s’en était mêlée sans pour autant obtenir de rétractation publique – "schisme mou" oblige.

Interrogé par le mensuel italien "Trenta Giorni" de mai 2003, le cardinal Kasper a accepté de revenir sur cette polémique, non sans un certain agacement:

"Nous n’avions pas affirmé que les divorcés remariés, entendus comme catégorie sociologique, pouvaient s’approcher de l’Eucharistie", commente-t-il aujourd’hui. "Nous suggérions seulement que, dans l’évaluation des cas singuliers, le discernement pastoral est opportun. La règle est maintenue, dans le sens où toute personne qui demande d’accéder aux sacrements doit manifester une intention sincère de conversion". Pour le cardinal, "il existe cependant des cas où, par exemple, les personnes ne parviennent pas à produire les preuves de la nullité de leur propre mariage, une nullité dont ils sont certains".

Nous sommes là en face d’une conception subjectiviste qui fait fi du droit canonique et de l’aspect social du mariage. Les vérités rappelées par une encyclique ne changeront pas des esprits déformés par une philosophie idéaliste et une théologie moderniste.