Une avancée intéressante pour « guérir » la trisomie 21

Caryotype de trisomie 21
Une équipe de chercheurs japonais a réussi à supprimer in vitro le chromosome supplémentaire dans la trisomie 21 : une ouverture vers une possible thérapie de cette anomalie génétique fréquente. Mais il faudra encore bien d’autres recherches pour aboutir à des essais cliniques. L'étude est parue dans PNAS Nexus le 18 février 2025.
Les chercheurs nippons ont utilisé l’outil CRISPR-Cas 9, dont la découverte a été distinguée par un prix Nobel en 2020 : c’est un outil de modification du génome. Il est plus facile et plus rapide à utiliser que les techniques antérieures, une approche prometteuse pour la thérapie génique, qui vient de prouver une nouvelle fois son efficacité en supprimant le 3e chromosome 21.
Les cellules utilisées ont été dérivées de cellules pluripotentes obtenues à partir d’un prélèvement cutané effectué chez un enfant d’un an porteur de trisomie 21, alors qu’il allait subir une « procédure chirurgicale médicalement nécessaire ». Il s’agit de cellules pluripotentes induites ou iPS, reprogrammées à partir de cellules somatiques.
La technique employée par les scientifiques leur permet de vérifier que la cellule éditée contient bien un chromosome issu de chaque parent, ce qui est évidemment essentiel. Car, parmi les trois chromosomes 21 d’un trisomique, deux viennent du même parent. Il ne faudrait pas supprimer le chromosome isolé.
Les chercheurs ont donc réussi à supprimer le chromosome supplémentaire à la fois dans des cellules iPS et dans des fibroblastes. En outre, ils affirment que l’édition génétique a permis de « rétablir » de manière « réversible » l’expression des gènes et les phénotypes cellulaires. Autrement dit, de donner un fonctionnement normal à la cellule modifiée.
Selon l’équipe de Ryotaro Hashizume, des démarches similaires pourraient être utilisées dans les neurones et les cellules gliales et constituer « la base de nouvelles interventions médicales » pour les personnes porteuses de trisomie 21. Toutefois l’approche n’est « pas encore prête » pour une application in vivo, tempèrent les auteurs de l’étude.
« On est en effet encore loin de l’objectif clinique, et la sécurité sera probablement un défi », abonde Elise Saunier-Vivar, directrice de la recherche de la Fondation Jérôme Lejeune qui se consacre à la recherche et aux soins des personnes porteuses de trisomie 21 ou d’autres déficiences intellectuelles génétiques. Mais ces travaux sont « intéressants et novateurs », conclut-elle.
(Sources : Gènéthique/PNAS Nexus – FSSPX.Actualités)
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