Une nouvelle chance pour le cardinal Becciu ?

Source: FSSPX Actualités

Le cardinal Angelo Becciu

Le cardinal sarde Angelo Becciu, âgé de 76 ans, a été élevé au cardinalat le 28 juin 2018 par le pape François, alors qu’il était substitut pour les Affaires générales de la secrétairerie d’Etat, juste avant de devenir préfet de la Congrégation pour la cause des saints. Il a été contraint à la démission en septembre 2020.

Selon le site Vatican News, à la date du 24 septembre 2020, un communiqué du Saint-Siège précisait que « le Saint-Père a accepté la démission de sa charge de Préfet de la Congrégation pour la cause des saints et de ses droits liés au cardinalat présentée par Son Eminence le cardinal Giovanni Angelo Becciu ».

Le cardinal a ensuite été dans le box des accusés du « procès du siècle » pour l’affaire de l’immeuble londonien, et il a été condamné à cinq ans et demi de prison. Il continue cependant à clamer son innocence, s’est pourvu en appel et est toujours en liberté. C’est ainsi qu’il a pu participer avec tous les cardinaux présents à Rome – électeurs et non électeurs – à la première congrégation générale.

Mais le cardinal Becciu revient en force, en demandant à faire partie du conclave. Il avait été retiré de la liste des cardinaux électeurs depuis sa démission, mais il affirme que cette liste n’a aucune valeur juridique dans un entretien à L’Unione Sarda. Et il avance des arguments pour démontrer son point de vue.

Il explique ainsi que le pape défunt l’a convoqué au dernier consistoire du 7 décembre 2024, et il en conclut : « En me rappelant lors du dernier consistoire, le pape a reconnu intactes mes prérogatives de cardinal. » Il ajoute qu’il n’y a pas eu de la part du pontife argentin « une volonté explicite de [l]’évincer du conclave ni de demande d’une renonciation explicite par écrit de [sa] part ».

Le cardinal Becciu a-t-il quelque chance de participer au conclave ?

Selon les normes en vigueur, les cardinaux « canoniquement déposés ou ceux qui ont démissionné, avec le consentement du Pontife Romain, de la dignité cardinalice », n’ont pas le droit de vote lors d’un conclave. En outre, à la mort du pape, le Collège des cardinaux n’a pas le pouvoir de « les réadmettre ni de les réhabiliter ».

Mais selon Mgr Patrick Valdrini, canoniste français interrogé par l'agence I.MEDIA, le flou juridique entourant la déposition du cardinal Becciu pourrait jouer en sa faveur. « Sa participation au conclave dépend du fondement juridique de l’acte qui a retiré au cardinal ses droits cardinalices », explique-t-il. Et il ajoute : « il semble qu’il n’y a pas eu d’acte canonique, à part la scène racontée dans les journaux ».

L’expert envisage donc une « bataille juridique » soutenue, appuyée par des canonistes qui ont pris la défense du cardinal déchu. Il pense que la solution à ce bras de fer dépend du Collège des cardinaux. « Cela devra être traité et décidé dans une congrégation générale », assure-t-il.

Si les cardinaux devaient prendre la décision de l’intégrer parmi les rangs des électeurs du successeur de François, ceux-ci atteindraient le nombre de 136. Le cardinal Becciu deviendrait l’un des 18 cardinaux électeurs italiens – actuellement au nombre de 17.