Vatican : chefs d’œuvre en péril

Les mauvaises langues diront que la différence entre Venise et le Vatican réside dans le fait que la cité vénète prend l’eau par le sol, tandis que le Saint-Siège la reçoit du plafond.

Car il y a urgence : une large infiltration a endommagé le haut d’un pan de mur de la Salle Sobieski, située dans la Tour Borgia. Cette pièce doit son nom à l’énorme tableau qui représente la victoire du roi polonais Jean III Sobieski sur les Turcs, à l’issue de la bataille de Vienne (1683).

De là, l’on peut pénétrer dans la salle de l’Immaculée Conception, où se trouve la fresque de Francesco Podesti qui, à son tour, introduit dans les somptueux appartements de Jules II, décorés par Raphaël.

Mais comme pour les trains, un sinistre peut en cacher un autre : au Vatican, on ne s’est pas encore remis de la chute récente de fragments de stucs, détachés du plafond de la fameuse Sala Regia, formé d’une voute en berceau peinte à fresque par Vasari. Quand on sait que c’est là que le pontife romain reçoit ses plus illustres visiteurs…

Les dégâts des eaux concernent d’autres pièces. Il y a quelques mois, des vidéos « fuitaient », montrant de nouvelles infiltrations dans la partie des musées où sont exposées la statuaire romaine. César les pieds dans l’eau : le comble de l’ironie pour celui qui franchit jadis le Rubicon…

On pourrait aussi mentionner le coup d’arrêt porté à la restauration de la cour de la Pigne : les travaux, commencés en 2015, consistaient en un rafraîchissement des peintures.

Las ! Une réaction chimique imprévue avec l’ancien mortier s’est produite, catalysée par l’humidité : résultat, depuis plusieurs mois, la nouvelle couche de couleur se décolle.

Enfin, pour combler la mesure, en janvier dernier, deux morceaux de travertin se sont brusquement détachés de la corniche ornant la cour de la Pinacothèque, pour s’écraser au sol, là où déambulent d’habitude de nombreux visiteurs : la fermeture des musées a peut-être évité un drame.

Autant d’épisodes qui ont poussé la secrétairerie d’Etat à intervenir au plus vite, dans la discrétion, car personne, au Vatican, ne souhaite s’appesantir sur la situation : un bataillon d’experts a été diligenté et un échafaudage extérieur monté à la hâte.

Apparemment, tout viendrait d’une humidité stagnant à l’excès, ayant endommagé la charpente de bois. La même qui soutient, depuis plusieurs siècles, les plafonds du palais apostolique, siège du gouvernement de l’Eglise romaine.

Une course contre la montre s’est alors enclenchée, afin de sécuriser en priorité les parties des palais que les visiteurs peuvent parcourir depuis le 3 mai 2021, date de la réouverture des Musées pontificaux.