Vatican : des finances plus transparentes que la santé du pape

Source: FSSPX Actualités

L’activité financière du Vatican est de plus en plus alignée sur les standards internationaux et la lutte contre le blanchiment d’argent semble porter ses fruits : c’est ce qui ressort du bilan publié par l’Autorité de Surveillance et d’Information Financière (ASIF). Une bonne nouvelle qui permet de faire passer au second plan la situation économique préoccupante du plus petit Etat du monde.

Se serait-on converti à la méthode Coué, oltretevere ? Les informations sur la santé du Pape se succèdent et se ressemblent, évoquant chaque fois une « légère amélioration », au point de laisser dubitatif. Côté finances, le déficit budgétaire et le financement des retraites au Vatican se trouvent éclipsés par la dernière publication de l’ASIF qui a dévoilé son rapport pour l'année 2024, le 9 avril 2025.

Ce document, relayé par Vatican News ou ACI Stampa, met en lumière une amélioration notable des processus de déclaration des activités suspectes, une consolidation des mécanismes de prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme, ainsi qu’un engagement renouvelé dans la gestion prudente de l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR).

Une bonne nouvelle dans laquelle le Vatican veut voir la preuve d’une volonté ferme de tourner la page sur les scandales financiers du passé et de s’aligner sur les exigences éthiques et juridiques contemporaines.

Depuis sa création en 2010, l’ASIF – anciennement connue sous le nom d’Autorité d’Information Financière (AIF) – a joué un rôle clef dans ce processus. Le rapport 2024 souligne que cette institution a poursuivi sa mission avec une rigueur accrue, contribuant à prévenir et à combattre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive.

Comme le précise Vatican News, l’année écoulée a été marquée par une amélioration des procédures de déclaration des activités suspectes, un enjeu central dans la lutte contre les flux financiers illicites. Les progrès réalisés ne l’ont pas été sans efforts : un plan d’action ciblant des « domaines d’amélioration circonscrits » a démontré une réactivité exemplaire face aux défis identifiés.

En outre, la reprise des activités de formation, illustre l’importance accordée à la sensibilisation et à la montée en compétences des acteurs impliqués. Cette approche proactive s’inscrit dans une dynamique plus large visant à garantir que les institutions financières vaticanes, et en particulier l’IOR, opèrent dans un cadre éthique et conforme aux standards internationaux.

Un autre point saillant du rapport 2024 consiste en la reconnaissance des progrès réalisés dans le cadre du suivi par le Comité Moneyval du Conseil de l’Europe. Cet organe, chargé d’évaluer la conformité des juridictions aux normes du Groupe d’Action Financière (GAFI), a salué les avancées du Saint-Siège lors du cinquième cycle d’évaluation réciproque.

Ce cycle fait suite au rapport d’évaluation de 2021, qui avait déjà noté des améliorations significatives, mais avait également identifié des lacunes à combler. En 2024, l’ASIF a pu démontrer une conformité technique renforcée, c’est-à-dire une adéquation accrue de son cadre réglementaire avec les recommandations du GAFI.

L’Institut pour les Œuvres de Religion occupe une place centrale dans le rapport 2024. Longtemps au cœur de controverses, l’IOR a fait l’objet d’une attention particulière de la part de l’ASIF, qui a procédé à une vérification constante et systématique des profils impliqués dans sa gestion. Le rapport note également une collaboration étroite entre l’ASIF et l’IOR, marquée par un échange accru d’informations et une vigilance renforcée sur les transactions suspectes.

Si le rapport 2024 marque un tournant, il ne constitue pas pour autant un aboutissement. Comme le note Vida Nueva Digital, la lutte contre les activités financières illicites est un processus continu, qui exige une adaptation constante aux nouvelles formes numériques de criminalité économique et numérique.

Le rapport est toutefois une bonne nouvelle oltretevere : à la fois du côté de Sainte-Marthe où l’on insiste sur le réformisme du pape François qui porterait ses fruits. Et du côté du palais apostolique, où un satisfecit en matière de transparence financière fait oublier les déboires budgétaires actuels et est toujours bon à prendre en cas de conclave anticipé…