Vatican I : retour sur un concile inachevé (6)

Source: FSSPX Actualités

Le cardinal Joaquin Pecci, futur Léon XIII

Episode 6 : un coup d’accélérateur papal 

Il y a cent cinquante ans, s’ouvrait le premier concile du Vatican, sous la houlette du pape Pie IX. FSSPX.Actualités revient sur l’histoire passionnante d’un concile qui fut le théâtre de l’opposition entre libéraux et ultramontains, et au terme duquel fut proclamé le dogme de l’infaillibilité pontificale.  

En ce printemps 1870, beaucoup de pères craignent, au rythme où vont les travaux du concile, que le schéma central devant traiter des prérogatives du successeur de Pierre, ne soit pas examiné avant un an. Or, l’agitation politique en Europe laisse à penser que le temps risque de faire défaut : d’où l’idée d’anticiper la question de l’infaillibilité pontificale. 

Le choix de Pie IX

La minorité opposée à toute définition sur ce thème disputé s’empresse de protester, avec le soutien de quelques prélats italiens, et non des moindres. Ainsi le cardinal Joachim Pecci - futur pape Léon XIII - estime qu'il qu' « il est imprudent d’exaspérer l’opposition en bouleversant l’ordre normal des discussions ». 

Mais le parti romain ne désarme pas : le 23 avril 1870, une pétition signée par une centaine de pères environ est remise au souverain pontife. Elle demande un examen immédiat du schéma De romano pontifice, et donc de la question de l’infaillibilité. 

Dans les salons du palais du Quirinal - résidence des papes depuis la Renaissance jusqu’en 1870 -, Pie IX réfléchit. Il entend l’avis contraire de certains pères, tel Mgr Dupanloup qui s’inquiète d’une question qui « met en ce moment l’Europe en feu ». L'ambassadeur de France près le Saint-Siège fait remarquer au Saint-Père qu’une inversion des travaux « accréditerait le sentiment que le concile n’avait été convoqué que pour définir l’infaillibilité du souverain pontife ». 

Le 29 avril 1870, le pape, au grand dam de la minorité, tranche dans le sens d’un examen anticipé de l’infaillibilité.

Il reste à mettre au point le schéma devant être présenté au concile, afin de ne pas trop enflammer les débats. Deux courants se font alors jours parmi les membres de la Députation de la foi, dont le rôle est d’apporter la dernière touche au schéma avant l'examen par les pères. Les partisans les plus enthousiastes de l’infaillibilité inclinent à conserver le document initial sans aucun changement, tandis que l’aile plus modérée est d’avis de l’amender. C’est cette dernière qui va l’emporter. 

La formule primitive proposant de définir l’infaillibilité en inquiétait plus d’un, jugée vague et donc extensive : le pape serait déclaré infaillible lorsqu’il définirait « ce qui en matière de foi ou de moeurs doit être admis par l’Eglise entière ». On pouvait entendre ici non seulement les vérités à croire de foi divine, mais également tout un spectre plus large de vérités de rang inférieur, tels les faits dogmatiques ou les conclusions approuvées de la théologie. 

Craignant une rupture définitive avec la minorité anti-infaillibiliste, l’aile modérée de la Députation obtient que la formule soit remaniée. Le père Franzelin s'y emploie : l’infaillibilité porte, dans son ultime version, sur « ce qui doit être cru de foi divine », et non plus sur « ce qui doit être admis par l’Eglise entière ». 

Le schéma ainsi amendé doit être présenté aux pères à partir du mois de mai. On veut croire à un examen qui emportera rapidement l’adhésion du concile. D'autant que l’optimisme est de mise à Rome : en ce mois de mai, Napoléon III vient de remporter à Paris un plébiscite qui renforce l’Empire. « A aucune époque le maintien de la paix en Europe n’a été plus assuré », déclare à ce moment le chef du gouvernement Emile Olivier.  

Et pourtant, le ciel se met tout d’un coup à s’assombrir. 

A suivre…