Vers une médiation du Saint-Siège pour la paix en Corée

Mgr Hyginus Kim Hee-jong (à droite).
Alors que la Corée du Nord multiplie les démonstrations militaires, le nouveau président sud-coréen Moon Jae-in a envoyé un émissaire spécial auprès du Saint-Siège pour demander au pape d'intervenir en vue d'apaiser les tensions dans la péninsule.
Les dernières élections présidentielles en Corée du Sud ont vu, le 9 mai 2017, la victoire d’un homme qui ne cache pas son attachement au catholicisme : Moon Jae-in, dont le programme prévoit une politique de dialogue et de réconciliation avec Pyongyang, à l’inverse de son prédécesseur, Park Geun-hye, destituée en décembre dernier à la suite d'une affaire de corruption.
Moins d’un mois après son élection, Moon Jae-in a décidé d’envoyer au Vatican le président de la Conférence des évêques de Corée du Sud, Mgr Hyginus Kim Hee-jong, archevêque de Gwangju.
Interrogé par l’agence CNA, Mgr Kim Hee-jong a déclaré « avoir été envoyé par le président pour demander le soutien du Saint-Père dans le processus de réconciliation entre les deux pays ». Et le prélat d’ajouter : « J’espère que le Vatican va pouvoir agir comme médiateur », rappelant le rôle joué par le Saint-Siège dans le cadre du rapprochement entre Cuba et les Etats-Unis.
Ainsi, l’envoyé du président Moon Jae-in s'est entretenu avec le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, le 23 mai. Trois jours plus tard, à l’issue de la messe du matin célébrée à la maison Sainte-Marthe, il a également été reçu en audience par le pape.
Pour le président de la Conférence des évêques coréens, « le dialogue constitue la seule option. Pyongyang est en train de montrer sa puissance militaire, mais nous devons poursuivre le dialogue. Si la Corée du Nord devient ouverte au dialogue, les tensions dans la péninsule coréenne diminueront ».
Tout au long de sa campagne électorale, le candidat Moon Jae-in a répété qu’il utiliserait tous les moyens à sa disposition pour ramener la paix dans la péninsule. En Corée du Sud, les chrétiens, notamment les catholiques, très investis dans la vie politique de leur pays, ont multiplié ces dernières années les initiatives en faveur de la paix et de la réconciliation.
C’est dans ce contexte de recherche d’un processus de paix que s'inscrit la récente relance du procès en béatification de plusieurs martyrs coréens qui versèrent leur sang entre le XVIIIe et le XXe siècle. Parmi eux, Mgr François Hong Yong-ho, évêque de Pyongyang, disparu en 1949, mort en déportation au moment de la persécution antichrétienne du régime communiste.
A ceux qui craignent qu'une telle initiative soit interprétée par les autorités comme une provocation, le cardinal André Yeom Soo-jung, archevêque de Séoul, de passage au Vatican au début du mois de juin, a expliqué en quoi ce processus de béatification servait la paix : « Même sur leur lit de douleurs, ces martyrs priaient pour leurs persécuteurs. Tel est le message que nous apportons à l’humanité, l’amour des ennemis comme l’enseigne le Christ ».
Et le cardinal de préciser : « Les martyrs ne voulaient pas être une barrière, mais un pont vers le Nord. Je suis convaincu qu'en Corée du Nord il y a encore des ‘chrétiens cachés’ qui gardent leur foi. Pour tous, la béatification sera un signe de grande espérance. Il n’y aura peut-être pas d’effet à court terme, mais ce sera utile à long terme, au gré de la Providence de Dieu ».
Selon l'agence AsiaNews citée par La Croix, les catholiques nord-coréens seraient au maximum 3 000 aujourd’hui (contre 55 000 avant l'ère communiste), mais plus vraisemblablement moins de 200. La République populaire démocratique de Corée promeut l'athéisme et n'autorise en effet que le culte de Kim Il-sung et de ses descendants. Une personne surprise en train de participer à une messe dans un lieu non autorisé risque des peines de prison, voire la torture ou la peine capitale.
Puisse l’intercession de Notre-Dame de Fatima et des martyrs coréens avoir raison du fracas des armes et du communisme au Pays du Matin calme.
(Sources : EDA / Vatican Insider / La Croix / FSSPX.Actualités - 12/06/17)