Vingt-quatre nouveaux cardinaux au prochain consistoire

Le 20 octobre, Benoît XVI a annoncé la tenue d´un consistoire le 20 novembre prochain, au cours duquel il créera 24 nouveaux cardinaux, portant à 203 le nombre des membres du Sacré Collège, dont 121 électeurs au conclave. Il s´agira du 3e consistoire de ce pontificat. A cette date, les cardinaux électeurs créés par Benoît XVI seront 50, les cardinaux électeurs créés par Jean-Paul II seront 71.
Sept hauts responsables de la curie romaine feront partie du Sacré Collège :
Mgr Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints
Mgr Mauro Piacenza, récemment nommé à la tête de la Congrégation pour le clergé
Mgr Fortunato Baldelli, Pénitencier majeur
Mgr Raymond Burke, préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique
Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la Culture
Mgr Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l´unité des chrétiens
Mgr Robert Sarah, président du Conseil pontifical Cor Unum
Certains titulaires de sièges cardinalices à travers le monde ont également été choisis par Benoît XVI :
Mgr Antonios Naguib, patriarche d´Alexandrie des coptes
Mgr Reinhard Marx, archevêque de Munich-Freising (Allemagne)
Mgr Kazimierz Nycz, archevêque de Varsovie (Pologne)
Mgr Paolo Romeo de Palerme (Italie)
Mgr Donald Wuerl, archevêque de Washington (Etats-Unis)
Mgr Raul Eduardo Vela Chiriboga, ancien archevêque de Quito (Equateur)
Mgr Raymundo Damasceno Assis, archevêque d´Aparecida (Brésil)
Mgr Medardo Joseph Mazombwe, ancien archevêque de Lusaka (Zambie)
Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa (RDC)
Mgr Albert Malcom Ranjith, archevêque de Colombo (Sri-Lanka) et ancien secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements
Mgr Velasio De Paolis, président de la préfecture des Affaires économiques du Saint-Siège et délégué du pape auprès des Légionnaires du Christ
Mgr Francesco Monterisi, archiprêtre de la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-murs
Mgr Paolo Sardi, pro-patron de l´Ordre souverain et militaire de Malte
En outre, deux évêques et deux prêtres seront cardinaux non électeurs :
Mgr José Manuel Estepa Llaurens, 84 ans, ancien évêque aux Armées en Espagne
Mgr Elio Sgreccia, 82 ans, ancien président de l´Académie pontificale pour la vie
Mgr Domenico Bartolucci, 93 ans, ancien maître de chœur de la chapelle Sixtine
Mgr Walter Brandmüller, 81 ans, ancien président du Comité pontifical des sciences historiques.
S´il a logiquement créé cardinal Mgr Angelo Amato (Causes des saints), Mgr Mauro Piacenza (Clergé), Mgr Fortunato Baldelli (Pénitencier majeur) et Mgr Raymond Burke (Signature apostolique), nommés ex officio, Benoît XVI a aussi choisi de conférer la pourpre cardinalice à trois des huit présidents de conseils pontificaux encore évêques (dont deux récemment nommés) : Mgr Gianfranco Ravasi (culture), Mgr Kurt Koch (unité des chrétiens) et Mgr Robert Sarah (Cor Unum), donnant ainsi plus de poids à ces dicastères.
Le choix inattendu du Guinéen Mgr Robert Sarah semble guidé par la volonté d´accorder un peu plus de représentativité aux Africains au sein du collège cardinalice, tout comme le choix de l´ancien archevêque de Lusaka (Zambie), Mgr Medardo Joseph Mazombwe. La nomination de l´archevêque de Kinshasa (RDC), Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, était quant à elle attendue. Si l’on ajoute la nomination du patriarche copte d´Alexandrie, Mgr Antonios Naguib, l´ensemble du continent africain comptera 12 cardinaux électeurs. Les Africains représenteront alors 10 % des électeurs, contre 8 % auparavant.
Sans surprise, Benoît XVI nomme certains évêques titulaires de sièges cardinalices à travers le monde et dont le prédécesseur a déjà atteint 80 ans. Mais en l´absence de candidats d´Amérique latine, il a choisi d´offrir la barrette rouge à deux prélats : l´ancien archevêque de Quito (Equateur), Mgr Raul Eduardo Vela Chiriboga, et l´archevêque d´Aparecida (Brésil), Mgr Raymundo Damasceno Assis. De fait, Quito et Aparecida ne sont pas des sièges cardinalices. L´ensemble du continent américain (nord et sud) comptera désormais 36 cardinaux électeurs.
En dévoilant la liste des futurs princes de l´Eglise, Benoît XVI a souligné que ses choix reflétaient « l´universalité de l´Eglise ». Néanmoins les Européens restent majoritaires parmi les cardinaux électeurs (62 sur 121), et les Italiens (25) sont toujours très représentés puisque plus d´un électeur sur cinq est originaire de la péninsule italique.
En créant cardinal Mgr Velasio De Paolis, le pape donne plus de poids au président de la préfecture des Affaires économiques du Saint-Siège, ce haut prélat qui est également délégué pontifical auprès des Légionnaires du Christ. Egalement en offrant la barrette cardinalice au très récent président du Conseil pontifical pour l´unité des chrétiens, Mgr Kurt Koch, Benoît XVI entend montrer l’importance qu’il accorde à l’œcuménisme, ce que n’a pas manqué de souligner le prélat suisse au lendemain de l’annonce des noms des cardinaux qui seront créés le mois prochain : « Ce n´est probablement pas à cause de ma personne que le pape m´a choisi si rapidement comme cardinal, mais en raison de ma fonction, afin de manifester un signe clair montrant l´importance pour lui de l´œcuménisme et de la relation avec le judaïsme ».
L’entrée dans le collège des cardinaux de Mgr Gianfranco Ravasi (sur la photo) lui ouvrira les portes du prochain conclave où, selon certains vaticanistes, il pourrait faire figure de papabile à la tête du clan « anti-restaurationniste » qui s’oppose à la ligne du pape actuel. Voici une anecdote significative rapportée par le journaliste italien Sandro Magister en 2007, lors de sa nomination à la tête du Conseil pour la culture : « Depuis des années, Mgr Ravasi est candidat à tout, y compris à l’archevêché de Milan, son diocèse, mais jusqu’à présent il a toujours été coiffé au poteau. En 2005, l’évêché d’Assise, la ville de saint François, semblait lui être acquis. Petit diocèse, mais grande tribune mondiale. Le 25 juin, cependant, les membres de la congrégation chargée de la nomination des nouveaux évêques se réunissent pour l’examen final. Sur la table, une coupure de presse. Il s’agit d’un article de Mgr Ravasi publié le 31 mars 2002 dans le supplément dominical du quotidien économique et financier Il Sole 24 Ore. L’article porte sur Pâques et le titre en est : « Il n’est pas ressuscité, il s’est élevé ». Les uns froncent les sourcils, d’autres déclarent que l’on attaque là la droite doctrine. Le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation, retire la candidature. »
Comme à chaque consistoire, le pape a choisi d´offrir la barrette cardinalice à quelques prélats ou évêques âgés de plus de 80 ans, et de ce fait non électeurs, mais dans le but de saluer « leur générosité et leur dévouement au service de l´Eglise ». Parmi eux, Mgr Domenico Bartolucci, maître de chœur de la Chapelle Sixtine de 1956 à 1997, aujourd´hui âgé de 93 ans ; Benoît XVI rend ainsi hommage à ce maître de chœur classique attaché à la tradition liturgique, dont le départ, en 1997, avait heurté le cardinal Ratzinger. De plus, en créant cardinal l´ancien président de l´Académie pontificale pour la vie, Mgr Elio Sgreccia, le pape salue les nombreux combats de ce prélat italien contre l´avortement ou l´euthanasie. (Sources : VIS/Zenit/Apic/Imedia/chiesa.espresso – DICI n° 224 du 30/10/10)