Royaume-Uni : le mariage est en voie de disparition

Source: FSSPX Actualités

Le mariage au Royaume-Uni connaît un déclin marqué, avec possible extinction dans la seconde moitié de ce siècle, révèle un récent recensement. Ce phénomène, reconnu depuis longtemps, est le signe d’une véritable révolution sociale. Frank Young, directeur du think tank Civitas, appuie cette conclusion dans un article publié sur le site de l’Institute for Family Studies.

Evolution des tendances matrimoniales

L’année dernière, Civitas, qui mène des études sur les enfants et la famille, a analysé les tendances du mariage sur une période de 50 ans et conclut que le mariage disparaîtra pratiquement d’ici 2062. En 2062, il y aura un couple pour 400 adultes au Royaume-Uni (0,52 % de la population âgée de plus de 16 ans), contre un couple pour 100 adultes aujourd’hui, soit une baisse de plus de 70 % en deux générations. Cela représente 67.000 couples se mariant en 2062, contre 213.000 en 2019.

En 2021, 46,9 % des habitants de l’Angleterre et du Pays de Galles étaient mariés, contre 49,4 % en 2011. En 1991, environ 37 % des femmes âgées de 20 à 39 ans appartenaient à la catégorie « jamais mariées », contre 58,6 % en 2011 et 65,7 % en 2021.

La cohabitation augmente dans tous les groupes d’âge de moins de 85 ans. L’augmentation de la cohabitation pour les couples âgés de 25 à 34 ans vivant ensemble est de 27 % entre 2011 et 2021. C’est au cours de ces années que les couples devraient fonder une famille.

Comme beaucoup d’autres pays, explique Young, le Royaume-Uni a répondu aux critiques selon lesquelles le mariage est dépassé et a fait son temps, en créant un nouveau type de mariage appelé « partenariat civil ». Mais le recensement britannique montre que les partenariats civils ont échoué de manière spectaculaire.

Les couples en partenariat civil représentent moins d’un demi pour cent (0,45 %) de l’ensemble des mariages et des partenariats civils. Il en va de même pour le mariage dit « homosexuel », plus récent : le dernier recensement montre qu’il représente 0,6 % de l’ensemble des mariages. Malheureusement, les 99,4 % restants ne font l’objet d’aucun débat public.

Des réponses non ciblées

Dans le Royaume-Uni contemporain, considérer le pays dans son ensemble masque d’importantes différences selon l’ethnicité et la religion ; la démographie britannique évolue rapidement et les tendances en matière de mariage la reflètent. Chez les chrétiens, les juifs, les musulmans, les hindous et les sikhs, il y a 24 % plus de mariages et 21 % moins de divorces que chez les sans religion. Le recensement fait état d’une nette augmentation du nombre des sans religion : un quart de plus que lors du dernier recensement en 2011.

Bien que le Royaume-Uni s’éloigne du mariage, le déclin n’est pas uniformément réparti. Il existe de grandes différences géographiques. La différence réside dans le revenu et l’appartenance ethnique. La principale organisation britannique de défense du mariage, la Marriage Foundation, souligne depuis longtemps l’existence d’un « fossé matrimonial » croissant entre les riches et les pauvres.

L’Office des statistiques nationales (ONS) du Royaume-Uni fait chaque année le point sur le déclin du mariage. L’année 2021 a été la première année au cours de laquelle le nombre de bébés nés de couples cohabitants a été supérieur à celui des couples mariés. Les dernières statistiques de l’ONS montrent que les mariages sont à leur niveau le plus bas. Il en sera de même l’année prochaine.

Depuis sa création en 2013, le Trésor britannique n’a pas consacré suffisamment d’argent à l’allocation de mariage, un maigre allégement fiscal destiné aux couples mariés ayant des revenus moyens ou faibles. Le mariage est un tabou politique à Westminster ; peu de politiciens défendent le type de famille le plus stable que nous ayons.

Frank Young conclut : « nous avons besoin de toute urgence d’un plan de sauvetage du mariage en Grande-Bretagne, et la première étape consistera pour les décideurs politiques à reconnaître que nous avons un problème ».